Le dernier combat d’Othman Benjelloun

Publié le 7 novembre 2003 Lecture : 2 minutes.

Très surprenante, l’information est brutalement tombée le 7 octobre, au plus mauvais moment. Deux jours seulement en effet avant le voyage officiel au Maroc du président français Jacques Chirac. L’accord conclu entre les Caisses d’épargne françaises et le groupe BMCE-Bank pour une prise de participation de 20 % a été rejeté par le Comité des établissements de crédit où l’on trouve, entre autres, des représentants de la Banque centrale et du ministère des Finances.
En discussion depuis plusieurs mois, cet accord conclu à l’arraché par le flamboyant Othman Benjelloun, patron de BMCE-Bank, devait lui permettre de sortir la tête de l’eau en dénichant, enfin, un successeur à l’allemand Commerzbank, dont le retrait qui a obligé Finance.com, le holding de tête du groupe Benjelloun, à racheter toutes les actions BMCE en vente sur le marché. D’où le « ouf » de soulagement poussé par Benjelloun quand il a réussi à séduire le Conseil national des Caisses d’épargne françaises (CNCE), pourtant peu enclin à sortir de l’Hexagone.

Mais, à 71 ans, le tycoon marocain engage alors ce qui semble de plus en plus ressembler à son dernier combat. Il accélère en avril les négociations avec les Français et parvient, après un éprouvant mois de septembre, à les convaincre d’investir pour la première fois au Maghreb. L’accord définitif octroie aux Caisses d’épargne 20 % du capital de la BMCE-Bank et, selon les rares indiscrétions distillées par la Banque centrale, où Benjelloun n’a pas que des amis, il leur donne une minorité de blocage et un contrôle de fait sur plusieurs postes clés de la BMCE, comme cela est clairement indiqué dans le pacte d’actionnaires.

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Le prix de cession est fixé à 500 dirhams l’action (50 euros) alors que le cours se maintient, péniblement, au-dessus des 400 dirhams. Un bonus de plus de 20 % donc, qui intrigue plus d’un opérateur à Casablanca. Et qui permettra aux autorités de tutelle de le rejeter. Rabat estime en effet que derrière cette prise de participation minoritaire – pour laquelle Benjelloun n’a, en principe, pas besoin de feu vert… -, il y a l’octroi de pouvoirs exhorbitants aux Caisses d’épargne et un quasi-contrôle. D’où le refus affiché, car comme l’a déjà dit Abdellatif Jouahri aux banquiers marocains, lors de leur première réunion, il faut consolider les participations capitalistiques marocaines dans un secteur où les étrangers – les Français notamment – sont déjà présents en force. Un message qui, manifestement, et on le comprend, ne passe pas au huitième étage du siège de l’avenue Hassan-II. À la BMCE, on entend en effet se battre contre « une solution imposée de l’extérieur ». Il est vrai que le holding ONA, fer de lance du capitalisme national et partiellement contrôlé par le Palais royal, ne cache plus sa volonté de renforcer les positions de sa banque maison, la Banque commerciale du Maroc (BCM), en mettant la main sur une BMCE que tout le monde dit être en « sérieuse difficulté ».

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