La banlieue telle quelle

Le long-métrage « Wesh Wesh » s’offre une seconde vie en DVD.

Publié le 7 novembre 2003 Lecture : 1 minute.

Entreprise politique dénonçant les avatars du système juridique français, le film Wesh Wesh, qu’est-ce qui se passe ? est aussi – et peut-être surtout une véritable oeuvre cinématographique. Forts de leurs études communes en anthropologie, le réalisateur Rabah Ameur-Zaïmeche et son coscénariste Madjid Benaroudj sont issus de la réalité qu’ils décrivent. Aussi poétique que sociologique, l’image de la banlieue est pensée, travaillée, cadrée. Les jeux de lumières et de musiques rythment savamment cette zone sinistrée de Seine-Saint-Denis, semblable à tout quartier abandonné de la planète urbanisée. Un non-lieu où les adolescents déracinés préfèrent dealer pour oublier plutôt que de repeindre les murs de la grisaille ambiante. Les acteurs impeccables sont entraînés par une direction maîtrisée et libératrice. Plusieurs fois primé, le film retrace le parcours hasardeux d’un homme qui tente de se réinsérer après avoir été expulsé de son pays d’enfance, à défaut d’origine. Prétexte pour dénoncer un climat social en déliquescence, l’histoire permet d’enluminer des comportements culturels trop souvent laissés dans l’ombre : le racisme des uns (la mère du jeune Beur qui refuse que son fils fréquente une Française de souche) et l’éducation silencieuse des autres (les garçons tellement couvés qu’ils en oublient de devenir des hommes). Tout cela est dessiné au plus juste, sans pathos ni complaisance. Pour un coup d’essai, c’est un vrai coup d’espoir.

Wesh Wesh, qu’est-ce qui se passe ?, de Rabah Ameur-Zaïmeche, parution le 25 novembre, 20 euros.

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