La France suspend ses opérations militaires conjointes avec le Mali
En réponse au coup de force du colonel Assimi Goïta, Paris annonce la suspension temporaire de sa coopération militaire avec le Mali.
Le geste en dit long sur la perception française du coup de force perpétré par Assimi Goïta au Mali. Ce jeudi 3 juin, le ministère français des Armées a annoncé la suspension temporaire de sa coopération militaire avec les autorités maliennes.
Lignes rouges
« Des exigences et des lignes rouges ont été posées par la Cedeao et par l’Union africaine pour clarifier le cadre de la transition politique au Mali. Il revient aux autorités maliennes d’y répondre rapidement. Dans l’attente de ces garanties, la France, après information de ses partenaires et des autorités maliennes, a décidé de suspendre, à titre conservatoire et temporaire, les opérations militaires conjointes avec les forces maliennes ainsi que les missions nationales de conseil à leur profit », a fait savoir le ministère. Ces décisions, ajoute-t-il, « seront réévaluées dans les jours à venir au regard des réponses qui seront fournies par les autorités maliennes ».
Le message est à la fois très clair et très concret
Concrètement, toutes les missions opérationnelles conjointes entre les militaires de la force française Barkhane et les Forces armées maliennes (Famas) sont donc suspendues dès ce jeudi 3 juin. « Le message est à la fois très clair et très concret, glisse une source française. Le président avait annoncé la couleur avec ses déclarations successives. Cette décision en est la suite logique. »
Avertissement et demandes
Après l’arrestation du président de la transition, Bah N’Daw, et de son Premier ministre, Moctar Ouane, par les militaires de l’ex-junte dirigée par le colonel Assimi Goïta, le 24 mai, Emmanuel Macron avait dénoncé un « coup d’État dans le coup d’État inacceptable ». Puis, dans une interview accordée à l’hebdomadaire français Le Journal du dimanche, il avait déclaré avoir « passé le message » aux dirigeants d’Afrique de l’Ouest qu’il « ne rester[ait] pas aux côtés d’un pays où il n’y a plus de légitimité démocratique ni de transition ».
Le 30 mai, les chefs d’État de la Cedeao étaient réunis en sommet extraordinaire à Accra, au Ghana, pour évoquer la situation au Mali. Ils ont décidé de suspendre Bamako des instances de l’organisation sous-régionale et condamné « le coup d’État » du 24 mai, tout en restant silencieux sur la désignation du colonel Goïta comme nouveau président de la transition malienne.
Les membres de la Cedeao ont également appelé à la nomination immédiate d’un « nouveau Premier ministre civil » et à la formation d’un « nouveau gouvernement inclusif » afin de poursuivre le programme de transition. Ils ont enfin réclamé le respect de la période de transition, fixée à dix-huit mois, et l’organisation d’élections au plus tard le 27 février 2022.
Du côté de Paris, on assure qu’un « retour à la normale » sera possible dès que les conditions fixées par la Cedeao seront remplies.
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