Comment remplir son couffin à Alger ?
Publié le 7 novembre 2003 Lecture : 1 minute.
Midi, marché Ali-Mellah, place du 1er-Mai, en plein coeur d’Alger. Affluant des diverses artères alentour, la foule est de plus en plus dense. Les commerçants exposent leurs marchandises. Des vendeurs à la sauvette, occupant les trottoirs en toute impunité, interpellent les passants pour proposer légumes, galettes et autres denrées nécessaires à la préparation du repas traditionnel du ftour. Tout le monde gesticule et parle fort. Pour une question de prix ou de qualité de tomates, les échanges entre vendeurs et consommateurs frôlent parfois la rixe. « Le comportement de certaines personnes avant le ftour est irrationnel, surtout ceux en manque de nicotine ou de caféine », commente un commerçant.
Des dizaines de milliers d’Algériens ont du mal à remplir leurs paniers. Les prix des viandes, légumes et fruits ont augmenté de 25 % à 50 % pour la circonstance. « Le ramadan n’est plus le mois de piété et de générosité, mais celui des affaires », se désole une ménagère qui montre son couffin vide. Les prix affichés sur les étals sont effarants : tomates à 70 DA (0,86 euro) le kilo, petits pois à 180 DA, courgettes à 80 DA et viande d’agneau à 750 DA le kilo. Dans un pays où plus de la moitié des habitants vivent dans la pauvreté, où 30 % de la population active est au chômage et où le salaire minimum garanti ne dépasse pas 8 000 DA (98 euros), il est impossible d’offrir chaque soir un repas équilibré aux siens. Certains Algérois accusent les autorités qui, selon eux, ne font rien pour lutter contre la spéculation. Des responsables répliquent que les prix sont libres et que le phénomène est aggravé par le citoyen lui-même puisqu’il consomme à tout-va.
Il est 15 h 30, certains étals sont déjà vides. La marée humaine commence à se dissiper. À 17 h 50, Alger est vide. Seuls quelques retardataires passent en voiture à vive allure. Bientôt, la voix du muezzin va annoncer la rupture du jeûne.
