Bandar et le diable

Publié le 12 novembre 2003 Lecture : 1 minute.

Dans le cadre de ses efforts pathétiques et un peu désespérés pour améliorer aux États-Unis une image très dégradée depuis les attentats du 11 septembre, l’ambassadeur d’Arabie saoudite à Washington, l’inamovible prince Bandar Ibn Sultan, vient de se payer huit pages de message dans la livraison de novembre de la prestigieuse revue Foreign Affairs. Intitulé « Le peuple d’Arabie saoudite. Allié contre le terrorisme », ce publireportage joue d’abord sur le ton de la contrition – finies, les dénégations offensées. C’est vrai, reconnaît Bandar, nous avons été sur le banc des accusés et bien sûr « nous ne serons pas jugés sur nos paroles, mais sur nos résultats ».
Or ceux-là sont impressionnants, à en croire le prince, qui dresse le tableau de chasse de ce qu’il appelle « l’assaut contre el-Qaïda » : cinq cents arrestations de terroristes présumés en Arabie saoudite depuis septembre 2001, des milliers d’armes et de munitions saisies, des tonnes de documents. Tout cela, Riyad le met à la disposition des services spéciaux américains avec lesquels les policiers du royaume coopèrent en toute sincérité. Un long chapitre de deux pages est évidemment consacré au nerf de cette guerre : l’argent. Bandar énumère les efforts accomplis pour assécher les filières et bloquer les comptes en banque (une quarantaine, jugés suspects, ont été gelés). Depuis mai 2003, ajoute l’ambassadeur, toutes les fondations islamiques et autres organisations charitables du royaume, dont certaines servaient de couverture aux activités du réseau Ben Laden, ont reçu l’ordre de suspendre leurs activités à l’étranger. « Tout gouvernement se doit de prendre sa part dans ce combat contre le diable », affirme Bandar, avant de reconnaître qu’en la matière l’ennemi « est difficile à déterminer, car les terroristes se cachent derrière beaucoup de bannières » – y compris celle, verte, frappée d’un sabre et de la chahada (« profession de foi »), du pays qui est le sien. Quinze des dix-neuf kamikazes du 11 septembre étaient en effet saoudiens. Un souvenir qui ne passe toujours pas du côté de Washington…

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