Mali : Olivier Dubois, seul otage français dans le monde, captif depuis deux mois
Voilà deux mois, jour pour jour, que le journaliste français Olivier Dubois, collaborateur de « Jeune Afrique », « Libération » et « Le Point » a été enlevé à Gao dans le nord du Mali. À Bamako et à Paris, des rassemblements de soutien sont organisés, mardi 8 juin 2021.
Tous ceux qui le connaissent le savent : Olivier Dubois a la bougeotte. Aussi bien quand il fume des cigarettes en terrasse, accompagnant ses propos d’amples mouvements théâtraux, que lorsqu’il prépare un article. Il ne tient pas en place. Comme le décrivait le journal Libération, pour lequel il collabore, ce journaliste français de 46 ans a été privé de son « perpétuel mouvement » le 8 avril 2021 alors qu’il était en reportage à Gao, dans le nord du Mali.
Mardi 8 juin 2021, cela fait très exactement soixante-et-un jours qu’Olivier Dubois est aux mains du Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM), faction sahélienne d’Al-Qaïda. Alors qu’ils lui faisaient miroiter l’interview d’un cadre jihadiste, les hommes du Malien Iyad Ag Ghaly l’ont kidnappé et le retiennent désormais captif.
Aller sur le terrain
Le 5 mai, une vidéo fait éclater la bulle de silence entourant sa disparition. À l’image, Olivier Dubois décline son identité et confirme qu’il est retenu contre son gré. Immédiatement, les questions pleuvent : que faisait le reporter dans une zone aussi dangereuse, a fortiori pour les occidentaux ? Pourquoi aller rencontrer des jihadistes, connus pour avoir retenu en otage plusieurs civils avant lui ? Le journaliste a-t-il pris trop de risques ?
Relater la vérité, pas celle des intermédiaires ni des propos rapportés
À ces questions, Célia d’Almeida, son ancienne collègue et porte-parole du comité de soutien d’Olivier Dubois au Mali, répond sans équivoque : « Olivier a ce besoin de relater la vérité, pas celle des réseaux, pas celle des intermédiaires ni des propos rapportés. Et pour ça, il sait qu’il faut aller sur le terrain, parler aux gens, vivre leur réalité. C’est le moteur de son travail : narrer la réalité telle qu’elle est. Et au Mali, ce n’est pas en interviewant des bureaucrates dans la capitale qu’on l’obtient. »
« Olivier a toujours voulu faire parler les gens qu’on ne fait pas parler. Sa priorité était d’aller au bout de l’information, c’est pour ça qu’il est allé à Gao », a renchéri la mère de ses enfants Déborah Al Hawi Al Masri, lors d’une interview accordée à France 24.
Combat, de Bamako à Paris
Installé à Bamako depuis 2015, et passé par le Journal du Mali, Olivier Dubois étanche sa soif de terrain pour des médias français : Jeune Afrique, Libération, Le Point. En mars dernier, il embarque pour le Pays Dogon, dans le centre du Mali, dont il tire de longs reportages auprès des milices d’autodéfense Dan Na Ambassagou. Une immersion de plusieurs jours parmi les chasseurs traditionnels Dozo. L’exercice est inédit. Il est aussi dangereux, dans cette région minée par les affrontements intercommunautaires.
Qu’importe, Olivier Dubois le répète à l’envi : « Il faut y aller. » Cette même obsession du terrain le pousse à prendre un avion pour le nord du Mali début avril, et lui vaut aujourd’hui de passer de l’autre côté de l’actualité. Lui qui a maintes fois pris la plume au sujet des belligérants du conflit malien est désormais retenu par certains d’entre eux.
Seul otage français dans le monde, il succède à Sophie Pétronin, elle aussi retenue au Mali par le GNIM jusqu’en octobre 2020. Une captivité qu’Olivier Dubois couvrait lui-même, suivant de près le combat engagé par le fils de l’ex-otage Sébastien Pétronin. Les proches du reporter mènent aujourd’hui ce combat, de Bamako à Paris. Ce mardi 8 juin, ils se réunissent dans les capitales malienne et française afin que le journaliste puisse retrouver sa liberté de mouvement.
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