Martin Luther King Prix Nobel de la paix

Publié le 10 octobre 2005 Lecture : 3 minutes.

« I have a dream, today… » Impossible, en ce 14 octobre 1964, de ne pas entendre résonner, partout dans le monde, cette phrase fameuse et prophétique, qui caractérise l’oeuvre et la personne du pasteur Martin Luther King. Ce jour-là, il devient, à 35 ans, le plus jeune lauréat du prix Nobel de la paix. Il n’est pas le premier Noir à recevoir cette distinction prestigieuse : l’universitaire et diplomate américain Ralph Bunche l’avait déjà obtenue en 1950. Mais, cette fois, il s’agit d’une véritable consécration de la lutte pour les droits civiques des Noirs aux États-Unis.

Martin Luther King, né le 15 janvier 1929 à Atlanta, devient pasteur baptiste à 19 ans, dans la tradition de son père et de son grand-père. Modeste, il reçoit le prix, au nom de tous les militants, comme la reconnaissance du Mouvement qu’il anime depuis le milieu des années 1950. Il le dira clairement lors de son discours de réception, en décembre, à Oslo : « J’accepte le prix Nobel de la paix au moment même où 22 millions de Noirs américains sont engagés dans une bataille créatrice pour mettre fin à la longue nuit de la ségrégation. » Il utilisera l’argent de la dotation pour continuer à financer la lutte.
Cette décision tombe à pic pour le jeune pasteur, qui rencontre depuis quelques mois une opposition grandissante au sein de la communauté noire. Son compatriote Malcolm X, plus agressif, prône l’autodéfense, et son message nationaliste, très attractif, commence à plaire.
Le Black Panther Party et son leader, Stokely Carmichael, considèrent le pasteur comme un jeune bourgeois – ce qui est exact : né dans une famille assez aisée, il a reçu une excellente éducation – trop peu radical. Il y a pourtant de la place pour tout le monde dans l’immense chantier de la bataille pour l’égalité raciale…
La lutte est âpre. Mais depuis 1955 et l’affaire Rosa Parks, qui avait refusé de céder sa place dans un autobus de Montgomery (Alabama), King est à la tête du mouvement naissant pour les droits civiques. La presse le considère comme le véritable porte-parole de toute l’Amérique noire. Adepte de la non-violence comme l’Indien Gandhi, dont il apprécie la conduite et la philosophie, il participe à l’essor du mouvement des étudiants de l’université noire d’Albany.
Même s’il ne parvient pas à discuter de façon constructive avec les autorités, ni à convaincre les étudiants de préférer la non-violence, cet engagement le conduira à s’imposer comme le leader de la vague contestataire des années 1960. Opposé à la résistance armée de Malcolm X, il préfère la persuasion, lutte contre l’injustice et pas contre des individus en particulier, endure arrestations et condamnations sans riposter.
Son projet « C », comme confrontation, qui consiste à provoquer les autorités pour qu’elles commettent des actes de répression au vu et au su de toute l’Amérique – grâce aux médias -, le conduit en prison, en avril 1963. Il y rédige la Lettre de la prison de Birmingham, le plus célèbre manifeste du Mouvement pour les droits civiques. Il sera libéré grâce à l’intervention du président John F. Kennedy et de son frère Robert, attorney general (ministre de la Justice), qui commencent à prendre conscience de l’importance du mouvement et de la nécessité d’opérer une réforme profonde des moeurs de la société américaine.

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Kennedy s’engagera de façon formelle pour la déségrégation en annonçant une nouvelle législation sur les droits civiques en juin 1963. La face de l’Amérique est en train de changer. La Marche sur Washington du 28 août 1963, organisée par Martin Luther King, en sera l’apothéose. Cette manifestation monstre – et pacifique -, s’achève par le fameux discours, « I have a dream… », prononcé devant 250 000 personnes, réunies au pied du Lincoln Memorial et retransmis en direct par trois chaînes de télévision. La petite histoire raconte qu’il avait prévu un tout autre texte, mais un trou de mémoire l’oblige à se raccrocher aux premières paroles d’un sermon qui, à ce moment précis, lui traverse l’esprit. Divine inspiration.

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