Hit-parade des banques africaines

Publié le 10 octobre 2005 Lecture : 3 minutes.

Les hors-série de Jeune Afrique/l’intelligent se suivent, ne se ressemblent pas mais s’enrichissent chaque année d’une nouvelle création. Il y a les numéros liés à l’actualité : la crise ivoirienne, la mort de Senghor, les quarante ans de l’indépendance algérienne, les quatre premières années du roi du Maroc Mohammed VI… Et les classiques annuels : les 500 plus grandes entreprises africaines et l’état de l’Afrique. Le mois d’octobre 2005, qui, soit dit en passant, marque l’entrée de Jeune Afrique dans sa 46e année d’existence, apporte à cette longue série une nouvelle publication annuelle : le classement des 200 plus grandes banques africaines.
Numéro 9 de la famille, notre hors-série « Finance » couvre, sur 132 pages, l’essentiel de l’activité des banques, des Bourses de valeurs et des assurances sur le continent. C’est une exclusivité « maison », car l’Afrique, qui malheureusement ne pèse pas lourd dans l’économie mondiale (2 % du PIB), est quasiment absente de la presse financière. Les revues britanniques qui font autorité dans le secteur – The Banker et Euromoney – publient le classement des banques pour toutes les régions du monde, sauf l’Afrique. Jeune Afrique/l’intelligent, qui a commencé dès 1999 à s’y intéresser timidement, se lance enfin dans la cour des grands : notre classement des 200 banques africaines n’a, vous le verrez, rien à envier aux autres. Mieux, il est complété par des enquêtes ciblées sur des pays et des banques, des analyses par sous-régions, des portraits et des zooms sur des thèmes intéressant le grand public (cartes bancaires, assurance vie, accès au crédit, transferts d’argent…) comme les élites (capital-risque, Bourse, gestion de portefeuille, conseil). Y ont contribué une quinzaine de journalistes et de reporters.
Ce hors-série est d’abord le résultat « d’un grand travail statistique », selon ses rédacteurs en chef, Jean-Dominique Geslin et Patrick Sandouly. Le nombre de banques traitées est passé de 50 en 2004 (classement figurant dans le numéro des 500 entreprises) à 200 en 2005. Cela permet une meilleure lisibilité du secteur : les 200 banques représentent, avec un bilan de 604 milliards de dollars fin 2003, plus de 90 % des actifs bancaires sur le continent. La première est sud-africaine (Stanbic, 108 milliards de dollars) ; et la dernière, gabonaise (Citibank, 145 millions de dollars).
Mais il n’y a pas que les chiffres qui comptent. Le lecteur apprendra beaucoup d’informations inédites. J’ai retenu pour vous, en avant-première, les meilleures ou les plus croustillantes :
– Rachetée par le groupe britannique Barclays, la banque sud-africaine Absa, deuxième du classement, ambitionne de devenir première en 2006 : ses actifs devraient donc doubler de 61 milliards fin 2003 à plus de 120 milliards fin 2005…
– La première banque commerciale indienne, la State Bank of India, qui s’est implantée à Port-Louis, souhaite utiliser l’île Maurice comme un tremplin vers le continent…
– Moins ambitieux, le milliardaire de Hong Kong, Hui Chi Ming, installé à Madagascar, lorgne seulement sur l’océan Indien.
– First Bank Nigeria, 31e du classement, cherche à se rapprocher d’Ecobank, qui dispose d’un réseau couvrant douze pays, pour devenir la première banque d’Afrique subsaharienne (hors Afrique du Sud)…
– Le discrédit jeté sur les banques privées algériennes (après la faillite de la banque Khalifa) n’a pas fini de provoquer des remous. Tout le secteur est sommé de se moderniser sinon il perdra les derniers clients qui lui restent. L’Algérie détient probablement le record mondial du délai d’encaissement d’un chèque : il faut cinq semaines pour créditer un chèque entre deux banques différentes non situées dans la même ville ! Les délais sont si capricieux que les entreprises préfèrent payer leurs salariés en espèces…
– Le nouveau géant bancaire marocain, Attijariwafa Bank, part à la conquête de la clientèle marocaine en Europe : un grand projet en partenariat avec la banque espagnole Santander.
– 30 millions de cartes bancaires circulent en Afrique, soit 1,6 % du total mondial. Près de 97 % de la population africaine ne connaît pas encore l’existence ou l’utilité de ce moyen de paiement devenu banal ailleurs dans le monde.
– Microfinance : seulement 2 à 3 millions d’Africains y ont accès. C’est pourtant ce système qui a contribué à sortir l’Asie du sous-développement.

Piochées ici et là dans le hors-série, ces informations permettent de réfléchir. Rien n’est jamais parfait ! Les banques africaines, dont la prospérité est aveuglante, ne devraient pas laisser leurs clients sur le bord de la route.

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