Massacre de Solhan au Burkina : pourquoi l’armée ne parvient pas à protéger les civils
Le massacre commis à Solhan, près de la zone dite des « trois frontières » entre le Burkina, le Niger et le Mali, pose la question de l’efficacité de la stratégie militaire déployée face aux violences jihadistes dans le Sahel.
Debout, au milieu des hommes de troupe dans leur treillis couleur sable, Chérif Sy, revêtu d’une chemise bleu sombre, a le sourire aux lèvres. Les soldats du détachement de Sebba, chef-lieu de la province de Yagha, posent fièrement autour du ministre de la Défense, venu ce 14 mai dans leur garnison apporter un message d’encouragement.
L’intransigeant ministre, nommé en janvier 2019 alors que le président Roch Marc Christian Kaboré venait de lancer une vaste refonte de la hiérarchie de l’appareil sécuritaire, est un habitué des visites de terrain. Mais cette fois, en plus des exhortations à mener le combat face aux jihadistes, Chérif Sy donne dans une certaine autosatisfaction.
« À Sebba et Déou, la vie est en train de reprendre. Les activités sont en train de reprendre, lance le ministre au cours de cette visite qui le conduit, en cette mi-mai, dans plusieurs localité de la région. Tout ceci est le fruit d’un travail quotidien et continu qui est fait par l’ensemble des Forces de défense et de sécurité. » Et Chérif Sy, cité par la presse burkinabè, qui relaie les étapes de ce déplacement très symbolique, de se féliciter du fait que « les populations font de plus en plus confiance aux forces de défense ».
La piste de l’État islamique
Deux semaines plus tard, l’heure n’est plus aux déclarations optimistes. Le Burkina sort d’un deuil national de 72 heures décrété par le chef de l’État et tente encore de comprendre ce qu’il s’est passé dans la nuit du 4 au 5 juin, à Solhan, à une quinzaine de kilomètres de Sebba. Au moins 138 personnes ont été tuées dans cette localité, dont une vingtaine d’enfants, selon le dernier bilan officiel. Au cours de la même nuit, des attaques similaires menées dans deux communes de la province ont fait 15 et 13 morts. Au total, au moins 160 morts, enterrés par les survivants dans trois fosses communes. La pire tuerie que le Faso ait connue de toute son histoire.
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