Bazar planétaire

Le célèbre site d’enchères en ligne a fêté, cette année, son dixième anniversaire. Et un nouvel exercice record.

Publié le 10 octobre 2005 Lecture : 3 minutes.

Dix ans d’âge, 778 millions de dollars de bénéfices en 2004 et 150 millions d’utilisateurs de par le monde. Trois chiffres que le désormais célèbre site d’enchères en ligne eBay, qui fête son dixième anniversaire cette année, affiche fièrement à son palmarès. À en croire une anecdote que les membres du groupe se plaisent à ressasser, son fondateur, Pierre Omidyar, nourrissait au départ une ambition somme toute limitée. Tout commence en 1995, quand cet ingénieur de la Silicon Valley, franco-américain d’origine iranienne, crée Auction Web, une place de marché virtuelle, pour que sa petite amie – Pam – puisse échanger les boîtes de bonbons qu’elle collectionne. Rapidement, des objets courants – vêtements, meubles – se vendent et s’achètent sur le site, qui devient eBay en 1997, en référence à la baie de San Francisco, ville où il est né.
Dans cette boutique immatérielle, on peut aujourd’hui acheter tout et n’importe quoi, ou presque (« nous sommes toujours en conformité avec la légalité », souligne-t-on chez eBay ; les animaux, notamment, sont interdits). Un chewing-gum, fort précieux, car il avait été mâché par la chanteuse américaine Britney Spears, a été acquis à 14 000 dollars ; pour la modique somme de 28 000 dollars, une Américaine de Floride a vendu un croque-monsieur vieux de plusieurs années sur lequel elle raconte avoir vu la Vierge Marie (ce qui lui a porté chance, précise-t-elle). Moins insolite que cette mystérieuse apparition, la transaction la plus chère de l’histoire du site porte sur un jet privé, cédé pour 4,9 millions de dollars.
Avec ses 8 900 employés et ses 33 sites nationaux, eBay dispose d’un modèle économique élémentaire : des « frais d’insertion » (compris entre 0,10 et 2,50 euros, en fonction du prix de départ) sont perçus lors de chaque mise en vente ; pour toute vente effective, une commission est prélevée (entre 1,5 % et 5 % du prix final).
Simple d’usage et accessible à tous, eBay a suscité chez certains de ses membres des vocations de vendeurs professionnels : l’un s’est mis à vendre des voitures d’occasion, un autre a ouvert une « boutique » de lingerie sur le site. Cette pratique étant encouragée par eBay depuis 2001 – des outils permettant d’optimiser et de sécuriser les ventes ont été mis en place -, on estime que 724 000 personnes aux États-Unis tirent aujourd’hui des revenus de leurs activités commerciales sur eBay.
Fort de sa popularité grandissante, le site a réalisé l’année dernière un chiffre d’affaires de plus de 3 milliards de dollars. L’entreprise, avec ses 54 milliards de dollars de capitalisation boursière (plus de trois fois celle du groupe américain General Motors), mène depuis plusieurs années une politique d’acquisition de sites aux activités voisines. Rien qu’en 2004, un site allemand de vente de voitures d’occasion, pour 112 millions d’euros, ainsi que 25 % du site Internet Craiglist (petites annonces en ligne), pour un montant non dévoilé, ont été absorbés. Et, comme pour se faire un petit « cadeau » pour ses dix ans, le groupe a annoncé, le 12 septembre, l’achat de Skype Technologies (téléphonie sur Internet, 54 millions d’utilisateurs en 2004, voir J.A.I. n° 2311), pour 2,6 milliards de dollars dans un premier temps, à quoi doit s’ajouter un complément calculé en fonction des bénéfices de Skype entre 2008 et 2009.
Les ambitions du groupe quant à cette opération spectaculaire divisent les analystes financiers. Pour certains, eBay veut réaliser des synergies, les affaires en ligne nécessitant souvent une communication téléphonique. Pour d’autres, aux yeux de qui la complémentarité est improbable, il faut voir là les prémices de l’arrivée d’eBay sur le marché des portails Internet multi-usage, type Yahoo! ou Microsoft. Les derniers, plus sceptiques, considèrent qu’eBay a effectué un achat risqué dont ils ne saisissent pas le sens.

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