Un cardinal à confesse

Le journaliste sénégalais Chérif Elvalide Sèye rapporte les souvenirs de Mgr Thiandoum, décédé en mai 2004.

Publié le 10 septembre 2007 Lecture : 2 minutes.

Jusqu’en 2003, soit un an avant sa disparition, le cardinal Hyacinthe Thiandoum était fermement opposé à l’idée d’un ouvrage sur sa personne. « Un peu par humilité, mais surtout parce qu’il estimait qu’il était venu sur terre pour accomplir sa mission puis repartir », se souvient Chérif Elvalide Sèye, auteur de Monseigneur Thiandoum, à force de foi.
Et puis, un jour, explique le journaliste sénégalais, quelques notes de Bach suffirent à convaincre le cardinal de se raconter. « Artisan infatigable du dialogue islamo-chrétien, fervent défenseur des cultures africaines, Mgr Thiandoum, tout au long de sa vie, s’est illustré dans des actions allant dans le sens de l’union des curs, de la paix des esprits et de l’harmonie entre les peuples. [] Sa vision des choses et ses actes doivent nous servir d’exemple », explique le musulman Chérif non sans se rappeler qu’enfant déjà il écoutait religieusement les homélies de Thiandoum, alors évêque, sous l’il inquiet de ses proches craignant qu’il n’abandonne sa religion
Hyacinthe Thiandoum fut promu au cardinalat en 1976 par le pape Paul VI. La délégation officielle sénégalaise qui se rendit à Rome pour l’événement était conduite par un musulman, le président de l’Assemblée nationale Amadou Cissé Dia. Les amitiés de Thiandoum avec les grandes familles maraboutiques du pays, ses liens avec le président Senghor, catholique fervent, de même que ses interventions chaque fois que le pays traversait une crise sont connus. Mais, pour l’auteur, quelques souvenirs livrés çà et là ne pouvaient suffire à perpétuer la mémoire du Safeen (Sérère de la Petite Côte), petit-fils d’imam, fils d’un musulman devenu chrétien, frère d’un chrétien devenu musulman. C’est pourquoi il a toujours voulu écrire sur un homme à qui il vouait une admiration inaltérable.
Pendant près d’un an, ils se retrouvèrent plusieurs fois par mois à la résidence des évêques, « Les Badamiers », sur la corniche ouest de Dakar. Les entretiens ne dépassaient jamais une heure, car le cardinal, malade, avait perdu beaucoup de ses forces. Quelques mois avant de s’éteindre, Mgr Thiandoum a tout de même pu lire une quinzaine de lignes du futur ouvrage. « Il m’a alors renouvelé sa confiance et c’est ainsi que j’ai poursuivi la rédaction du livre, qui a d’ailleurs été préfacé par son successeur à l’archevêché de Dakar, Mgr Théodore Adrien Sarr », précise le journaliste.
Curieusement, la presse sénégalaise s’est peu intéressée à ce livre qui en dit pourtant long sur des personnes et des lieux qui ont marqué le pays. Sans compter les histoires surprenantes comme celle du père Hyacinthe Jalabert, disparu en 1921 dans le naufrage du navire L’Afrique quelques mois avant la venue au monde d’un Thiandoum qui allait porter son prénom

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