Fin de Barkhane au Mali : « Le vide laissé par la France sera difficile à combler »

Quelles seront les conséquences du retrait des soldats français de l’opération Barkhane sur la situation sécuritaire au Mali ? Quelles raisons ont poussé Emmanuel Macron à choisir cette nouvelle stratégie dans le Sahel ? Chercheur au Centre FrancoPaix, Marc-André Boisvert livre son analyse.

Un hélicoptère français engagé dans Barkhane, à Ndakji, au Mali, le 29 juillet 2019. © REUTERS/Benoit Tessier

Un hélicoptère français engagé dans Barkhane, à Ndakji, au Mali, le 29 juillet 2019. © REUTERS/Benoit Tessier

Publié le 15 juin 2021 Lecture : 6 minutes.

L’opération Barkhane, dans sa forme actuelle, est appelée à disparaître. Ainsi l’a annoncé le président français le 10 juin 2021, quelques jours après avoir décidé de suspendre les opérations conjointes entre les soldats français et maliens. Emmanuel Macron a assuré que son pays resterait engagé militairement au Mali et dans le Sahel, mais dans le cadre d’une « alliance internationale associant les États de la région ». Un cadre dont les contours précis seront connus d’ici à la fin du mois de juin.

Le chef de l’État semble avoir voulu répondre à une certaine lassitude au sein de l’opinion publique française pour justifier sa décision, même s’il s’est appuyé sur le contexte politique au Mali, critiquant le second coup de force mené, en l’espace de moins d’un an, par le colonel Assimi Goïta et rappelant les craintes de la France de voir les autorités maliennes engager le dialogue avec les jihadistes, à un an de la présidentielle en France.

Quelles seront les conséquences de ce retrait sur le terrain ? et plus largement dans un Sahel où la menace jihadiste ne cesse de s’étendre, malgré les opérations militaires ? Marc-André Boisvert, chercheur au Centre FrancoPaix et auteur, en 2016, de Forces armées maliennes, une lente reconstruction, en décrypte les incidences pour Jeune Afrique.

Jeune Afrique : Barkhane n’existera bientôt plus dans sa forme actuelle. Si on ne connaît pas encore les contours exacts de l’intervention militaire française dans le futur, il s’agit bien d’un retrait, au moins partiel. Comment les Forces armées maliennes (Fama) vont-elles s’adapter, selon vous ?

Marc-André Boisvert : Les opérations menées par les Fama sont des actions de stabilisation – la sécurisation de villages, de villes, de routes –, ou des interventions offensives précises. Le rôle de Barkhane, notamment dans le cadre des opérations militaires conjointes, était une mission d’appui. Maintenant que Barkhane est finie, les Fama vont, bien sûr, continuer ce type d’opération, mais elles viennent de perdre un allié très puissant. Les Français s’en vont, emmenant avec eux leur soutien aérien.

Pour l’heure, il ne semble pas y avoir de nouvelles orientations stratégiques qui se dessinent côté malien. Il ne faut d’ailleurs, à mon avis, pas s’attendre à une refonte en profondeur de leur méthode.

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Quel était le degré d’implication des soldats de Barkhane dans les opérations militaires conjointes avec les Fama­? Le partage de renseignements, élément essentiel, fait-il partie de la « collaboration militaire » désormais suspendue ?

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