Partenariat made in China

La désaffection des investisseurs occidentaux et la dégradation de l’environnement ont incité les entreprises chinoises à s’engouffrer dans la brèche.

Publié le 10 septembre 2007 Lecture : 2 minutes.

Lors de sa publication en novembre 2006, le rapport de l’ONG Transparency International, spécialisée dans la lutte contre la corruption, a créé la surprise parmi les Guinéens, bien que le phénomène dénoncé leur soit plutôt familier : la Guinée est en effet l’un des pays les plus corrompus au monde (voir encadré ci-dessous). Et selon le dernier rapport Doing Business publié pour l’année 2006 par la Banque mondiale, la Guinée figure parmi les pays les moins attractifs et les moins sûrs au monde pour les opérateurs étrangers.
En matière d’investissement, seul le secteur minier a affiché une certaine dynamique ces trois dernières années avec l’annonce, entre autres, de plusieurs grands projets dans l’aluminium. Face à la pression chinoise exercée sur le marché international, l’américano-canadien Alcoa-Alcan, l’anglo-australien Rio Tinto et le leader russe du secteur RusAl se sont engagés à investir plusieurs milliards de dollars dans le pays. Des projets qui en sont toujours au stade des études de faisabilité.
Certaines entreprises chinoises ont également sauté le pas, soutenues par Pékin. S’agissant de la coopération avec l’Afrique, le président chinois Hu Jintao a plusieurs fois affirmé que son pays « ne posait aucune condition politique ». La Chine, qui, depuis 1996, fait tout pour s’imposer comme un investisseur stratégique sur le continent, nourrit certaines ambitions en Guinée. Comme au Mali, en Côte d’Ivoire, au Cameroun ou encore au Gabon, des centres ont été créés à Conakry pour assister matériellement et techniquement les entreprises chinoises cherchant à s’installer dans le pays ou à établir des partenariats avec des sociétés locales. Chargés d’établir une sorte de veille économique, ils permettent d’accueillir en mission des entreprises d’État, telle China Aluminium Company (Chalco), intéressée par les réserves de bauxite.
Outre les ressources minières, qui représentent l’un des premiers domaines d’investissement de la Chine, les travaux publics suscitent également l’intérêt des entreprises comme Henan Chine, aujourd’hui leader du secteur en Guinée, avec un chiffre d’affaires supérieur à 15 millions d’euros pour l’année 2006. En novembre dernier, les autorités chinoises ont d’ailleurs accepté de financer la construction d’une centrale hydroélectrique de 750 mégawatts (MW) à Souapiti sur le fleuve Konkouré, en Moyenne Guinée (ouest). Dans les cartons du ministère de l’Énergie et de l’Hydraulique depuis plusieurs années, ce projet, qui devrait permettre d’approvisionner en électricité une bonne partie du pays, n’avait jamais trouvé d’investisseur jusqu’ici. Le milliard de dollars nécessaire à la construction du barrage proviendrait de la banque publique d’import-export Eximbank, très présente en Afrique.
La présence chinoise soulève toutefois de nombreuses interrogations. D’aucuns sur le continent y voient la marque d’un nouveau colonialisme qui ne dit pas son nom. Les partenaires traditionnels, telle la France, parlent, eux, de concurrence déloyale.

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