Ousmane Doré

Ministre de l’Économie, des Finances et du Plan

Publié le 10 septembre 2007 Lecture : 2 minutes.

A quoi attribuez-vous le désastre de l’économie guinéenne ?
À des problèmes de gouvernance. Ce pays a été géré de façon chaotique ces dernières années. Il y a eu de graves dérapages : corruption, détournements de deniers publics, manque de transparence dans la gestion des ressources naturelles À ces contre-performances s’ajoute une baisse drastique des financements extérieurs entraînant une accumulation d’arriérés de la dette extérieure. Si bien qu’aujourd’hui, la Guinée est scandaleusement pauvre.

Pourquoi les audits qui doivent faire la lumière sur ces anciennes pratiques n’ont, jusqu’ici, débouché sur aucune poursuite ?
Ces audits ne sont pas tous terminés. Loin de nous l’idée de vouloir tolérer la spoliation de notre pays. Je fais confiance au Premier ministre, qui a plus d’une fois exprimé sa volonté de donner une suite judiciaire à toute malversation constatée. Les Guinéens qui ont versé leur sang en février et mars derniers ne nous pardonneraient pas de fermer les yeux sur des actes qui les confinent aujourd’hui à la misère.

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Quelles ont été vos premières mesures ?
Le Premier ministre a défini huit priorités, dont le rétablissement des équilibres macroéconomiques, la reprise des relations rompues avec les partenaires au développement, la promotion de la bonne gouvernance et de l’emploi des jeunes J’ai élaboré un « programme d’urgence » pour le second semestre 2007, un véritable projet chiffré qui définit une part d’autofinancement. Malgré nos difficultés financières, nous avons choisi de rompre avec la tradition qui consiste à tendre la main sans faire d’efforts. Sur les 123 millions de dollars requis, nous en avons mobilisé 45 millions sur fonds propres grâce aux réformes de la gestion de la trésorerie de l’État. Et nous avons convaincu nos partenaires qui n’ont pas hésité à prendre en charge la différence.

Qu’en est-il de votre plan d’action pour la période 2007-2010 ?
Ce plan d’action décline notre vision du redressement de notre pays par le biais de la réduction de la pauvreté. Nous ne nous sommes pas limités à un catalogue de vux pieux. Nous avons proposé des solutions concrètes aux difficultés actuelles, non sans en étudier leur faisabilité, les moyens requis, la part d’autofinancement, l’apport extérieur sollicité et les modalités de son remboursement. Nous avons voulu que cette stratégie soit aussi solvable qu’un projet privé. Et il semblerait que nous ayons été compris : 400 millions de dollars ont déjà été promis pour son financement.

Mais les promesses peuvent aussi ne pas être tenues
La capacité de mobilisation de fonds promis fait partie des critères de performance économique d’un État. Nous allons la développer, mais également diversifier les sources de financement. Les opportunités sont si nombreuses que la Guinée ne saurait se satisfaire des seules institutions classiques. Je m’intéresse de près à certains montages financiers qui permettent de mettre en place d’importants projets. Nous comptons nous ouvrir davantage aux fonds de certains pays arabes.

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