Le temps des technocrates

Cinq ministères et trois secrétariats d’État changent de patron.

Publié le 10 septembre 2007 Lecture : 3 minutes.

C’est le fait le plus notable du remaniement gouvernemental décidé le 3 septembre par le président Zine el-Abidine Ben Ali : Khelil Lajimi, un technocrate de 45 ans, succède à Tijani Haddad à la tête du ministère du Tourisme. Le même jour, les résultats de l’industrie touristique tunisienne au cours des huit premiers mois de l’année ont été rendus publics. Ils confirment un sensible ralentissement de la croissance du secteur.
En place depuis bientôt trois ans, Haddad était sur la sellette depuis déjà quelque temps. Dans son numéro daté du 5 août, Jeune Afrique avait révélé ce que les professionnels et les experts n’osaient dire ouvertement de peur de s’attirer les foudres des autorités de tutelle, toujours résolument optimistes. La réalité est que le tourisme tunisien a perdu, au profit de l’Égypte, sa première place sur la rive sud de la Méditerranée et en Afrique. Et que cette décélération est en passe de devenir structurelle, puisque son taux de croissance est désormais plus faible que celui de ces nouvelles locomotives que sont le Maroc, l’Égypte et l’Afrique du Sud.
Par rapport à la même période en 2006, les recettes touristiques (exprimées en euros) n’ont progressé que de 3,9 % au cours des huit premiers mois. Sur l’ensemble de l’année, le résultat ne devrait pas être très différent. Le nombre des nuitées hôtelières stagne (+ 1 %), tandis que celui des touristes, qui mesure le taux de croissance, a progressé de 3,4 %. La performance est un peu supérieure à celle de 2006 (+ 2,7 %), mais reste médiocre. D’autant qu’elle a pour origine un ralentissement net du flux de la clientèle européenne (allemande, italienne, britannique, espagnole et portugaise). Avec moins de 4 % de croissance attendue sur l’ensemble de l’année, on est loin du taux moyen de 7 %, pronostiqué par l’Organisation mondiale du tourisme (OMT) pour la région Afrique. Loin aussi des 12 % (hors Marocains non résidents) enregistrés par le royaume chérifien au cours des six premiers mois de cette année. C’est sans doute pour cette raison que Lajimi a, lors de prise de fonction, rappelé l’importance socio-économique capitale du secteur et appelé tous les intervenants à « un surcroît d’effort ».
Ingénieur diplômé de l’École polytechnique de Lausanne (Suisse), puis de l’École nationale d’administration, à Paris, ce dernier est un homme discret. Il a fait son entrée au gouvernement en 2003, d’abord comme secrétaire d’État auprès du ministre de l’Industrie et de l’Énergie puis, à partir de 2004, auprès de son collègue du Développement et de la Coopération internationale. Ce profil devrait lui permettre de mettre un peu d’ordre dans la stratégie touristique du pays, mais aussi de superviser les mégaprojets en cours de discussion avec divers investisseurs du Golfe.
Plus généralement, le dernier remaniement, qui a concerné cinq ministères et trois secrétariats d’État, a renforcé le caractère technocratique du gouvernement. Ridha Touiti (56 ans) succède ainsi au ministère du Commerce et de l’Artisanat à Mondher Zenaidi, un habitué des équipes gouvernementales depuis vingt ans, qui prend en charge la Santé, sans doute pour en accélérer la modernisation. Docteur en chimie, Touiti a fait toute sa carrière au ministère de l’Économie, puis à celui du Commerce, avant de prendre la direction du Groupe chimique tunisien, premier exportateur du pays.
Un autre technocrate, Haj Klaï (53 ans), s’est vu confier le ministère des Technologies de la communication, un secteur qu’il connaît fort bien puisqu’il y a fait l’essentiel de sa carrière. Il a notamment dirigé La Poste au moment de sa transformation en entreprise commerciale. Klaï succède à Montasser Ouaïli, pressenti depuis plusieurs mois comme ambassadeur au Japon.

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