Le millénaire commence mal !

Publié le 10 septembre 2007 Lecture : 2 minutes.

Le particularisme éthiopien a encore frappé ! Ayant adopté un calendrier proche de celui des coptes égyptiens, l’Éthiopie célèbre le 12 septembre le passage au IIIe millénaire. Avec un peu plus de sept ans de retard sur le reste du monde. Une année entière de festivités est prévue, qui commencera, dans la soirée du 11 septembre, par un grand concert dont la tête d’affiche sera le groupe de hip-hop américain Black Eyed Peas. Une dizaine de chefs d’État sont attendus.
Conçu comme un moyen inespéré d’améliorer l’image du pays à l’étranger, l’événement risque de ne pas avoir l’effet escompté. À cause d’une conjoncture économique morose et d’une organisation très brouillonne. « Les prix de la viande, des fruits et des légumes se sont envolés en juillet et en août, commente un observateur. Les gens n’ont pas la tête à la fête, ils ont le nez dans leur portefeuille. Quant aux autorités, elles ne brillent pas par leur efficacité. Les places pour le concert sont hors de prix. Une semaine avant le lancement de l’événement, le programme officiel des festivités n’avait toujours pas été communiqué. Et la plupart des manifestations d’envergure ont été annulées. »
Le Taste of Addis-Africa Festival (TAAF), une manifestation gastronomique et musicale, a en effet été reporté sine die. Quant à la traditionnelle Great Ethiopian Run, une course à pied organisée par Haile Gebresselassie, la star de l’athlétisme local, elle a, dans un premier temps, été avancée au 9 septembre, puis maintenue à sa date habituelle, fin novembre. Résultat : les trente mille joggeurs attendus ne seront probablement pas au rendez-vous. À cette date, la plupart des Éthiopiens de la diaspora seront en effet déjà repartis. À supposer que, dégoûtés par ce « Millenium au rabais », ils ne soient pas restés chez eux. L’hypothèse est d’autant plus vraisemblable que des célébrations « décentralisées » sont organisées en Europe et aux États-Unis. Et que les tarifs des vols à destination de l’Éthiopie ne cessent d’augmenter.
Pourquoi cette cascade d’annulations ? Certains sont convaincus que les autorités font tout pour faire capoter les manifestations qu’elles n’organisent pas. D’autres invoquent des raisons de sécurité. De fait, l’intervention en Somalie contre les Tribunaux islamiques, au mois de décembre 2006, a ravivé les tensions entre l’Éthiopie et ses voisins. Le Premier ministre Mélès Zenawi soupçonne notamment l’Érythrée de tenter de profiter de la situation pour déstabiliser son pays.
La déception est d’autant plus grande que tout semblait avoir bien commencé. L’Union africaine a décidé de soutenir le Millenium éthiopien en l’érigeant en événement continental, tandis qu’à la mi-août, le gouvernement, en gage de bonne volonté, a annoncé la libération d’une trentaine d’opposants arrêtés lors des manifestations consécutives aux législatives de mai 2005. L’emprisonnement de ces derniers avait été vigoureusement dénoncé par la communauté internationale. Leur remise en liberté risque de passer largement inaperçue.

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