Le maître du monde n’a plus le moral

Pour George W. Bush, y a-t-il une vie après la Maison Blanche ?

Publié le 10 septembre 2007 Lecture : 2 minutes.

Avant de devenir le maître du monde, il avait à peu près tout raté. Sans la fortune et les relations planétaires de son père, George W. Bush ne serait jamais devenu gouverneur du Texas, puis président des États-Unis. Sans doute aurait-il fini dans la peau d’un VRP de province, accro au base-ball et aux spiritueux… Le monde ne s’en serait pas plus mal porté.
À un peu plus d’un an du terme de son ultime mandat, la question se pose donc avec insistance : que va faire George W. après son départ de la Maison Blanche ? Apparemment, son choix n’est pas arrêté. Il songe à entreprendre de lucratives tournées de conférences, histoire, dit-il, de « renflouer les caisses » (le montant de ses avoirs est pourtant évalué à plus de 20 millions de dollars). Mais qui acceptera de payer pour l’écouter ? Le masochisme a ses limites, non ? Le lame duck (« canard boiteux ») de Washington, qu’on commence à surnommer le dead duck (« canard mort »), a compris qu’il pourra difficilement rivaliser avec les vertigineux tarifs pratiqués par son père (entre 50 000 et 75 000 dollars le speech), sans même parler de ceux de Bill Clinton, le maître du genre. C’est humiliant.
Frustré, il envisage mollement de créer, à l’instar d’un Jimmy Carter, un « fantastique institut de la liberté » en vue de « promouvoir la démocratie à travers le monde ». Mieux vaudrait qu’il s’en abstînt : la dernière fois qu’il s’y est essayé, du côté de Bagdad, on a frôlé l’apocalypse ! Grâce à Dieu, il est le premier à rire de ces velléités : « Je m’imagine très bien montant en voiture, m’ennuyant à mourir et finissant par rentrer au ranch. »
Dans l’immédiat, il s’apprête à publier, ce qui est sans doute moins dangereux, un livre d’entretiens (titre : Dead Certain) avec le journaliste texan Robert Draper. Lors de l’un d’eux, il a confié à son intervieweur la tristesse et le sentiment d’isolement qui l’assaillent aujourd’hui, mais qu’il s’efforce habituellement de cacher.
« L’apitoiement sur soi-même est la pire chose qui puisse arriver à un président, croit-il savoir.
– Vous n’avez donc pas d’épaule sur laquelle pleurer ? l’interroge le journaliste.
– Bien sûr que si, j’en ai une : celle de Dieu. Et croyez-moi, j’y ai versé bien des larmes », répond Bush, songeant à l’Irak.
Commentant son impopularité désormais abyssale, il esquisse un geste las en direction de Barney, son terrier écossais : « Comme l’a dit quelqu’un, si vous cherchez un ami à Washington, demandez plutôt à votre chien. » C’est beau comme du Chateaubriand.

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