Cameroun : tour de chauffe au Gicam
André Fotso tentera le 26 mars d’allonger le mandat du conseil exécutif du Groupement interpatronal du Cameroun (Gicam). L’occasion pour les partisans et les adversaires du patron des patrons de se compter avant l’élection de décembre.
Il a décidé, comme tout entrepreneur, de prendre un risque. Le 13 février, André Fotso a convoqué une assemblée générale extraordinaire du Groupement interpatronal du Cameroun (Gicam) pour le 26 mars. Avec un seul point à l’ordre du jour : la réforme des statuts. Mais cette fois, « il joue gros ! » glisse un membre du syndicat patronal. Un désaveu de ses pairs dans trois semaines déstabiliserait le patron des patrons dans la perspective de l’élection du conseil exécutif, en décembre. Tandis qu’un plébiscite risquerait d’annihiler toute velléité de candidature adverse…
Fragilisé
Pour le moment, André Fotso est fragilisé : Marème Malong, patronne de l’agence de communication MW Marketing Services, a claqué la porte du conseil exécutif. « Si l’on démissionne, c’est que l’on ne souhaite pas être solidaire de certaines décisions et/ou que l’on entend demeurer en harmonie avec ses convictions profondes », se justifie, énigmatique, cette figure du monde des affaires.
Il avait contribué à la révision des statuts en 2011. Aujourd’hui, André Fotso veut de nouveau les modifier.
Au siège du Gicam, à Douala, on redoute désormais un remake du scénario du 30 mai 2013, date d’une assemblée générale extraordinaire durant laquelle Marème Malong et Charles Kooh II, dirigeant de Coopers & Lybrand Afrique centrale et membre du conseil exécutif, s’étaient livrés à une obstruction systématique, dès l’ouverture. S’arc-boutant sur les textes, ils avaient empêché le débat, puis le vote à propos de l’amendement aux statuts proposé par André Fotso.
La modification controversée : la même qu’aujourd’hui, l’allongement du mandat du conseil de trois à cinq ans. « Il est incompréhensible que des personnes ayant été mises en minorité au sein du conseil empêchent l’expression démocratique », se désole un proche du président du Gicam.
Les détracteurs de Fotso comprennent mal pourquoi, après avoir été membre du comité de révision des statuts en 2011, il s’obstine à vouloir les modifier. « Lorsqu’un nouveau conseil est élu, il a besoin d’environ un an pour comprendre et s’adapter, se défend André Fotso. Il se met au travail au cours de la deuxième année, la troisième année étant réservée à la préparation des élections. Un mandat de trois ans, c’est un an de travail. » Il balaie les soupçons selon lesquels la réforme serait taillée sur mesure pour lui permettre de se maintenir à la tête du Gicam, en précisant que l’allongement du mandat n’entrerait en vigueur qu’après l’élection d’un nouveau bureau, en décembre.
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Débat
Même si aucun candidat ne s’est déclaré, et si Marème Malong soutient auprès de Jeune Afrique « n’être candidate à rien du tout », tout le monde garde en tête cette échéance, estimant que l’assemblée du 26 mars permettra de jauger le poids réel d’André Fotso.
Chose inquiétante pour ce dernier : le soutien du président d’honneur du Gicam, André Siaka, lui fait désormais en partie défaut. En mai dernier, lors de la dernière tentative de modification des statuts, celui-ci déplorait dans un courrier « l’initiative malheureuse » de son successeur, espérant que « l’assemblée générale [comprendrait] qu’elle est inopportune dans le contexte actuel, car elle ne peut être qu’assimilée à une tentative de l’équipe en place de se maintenir au pouvoir le plus longtemps possible ».
Absorbé par le lancement des activités de Routes d’Afrique (Routd’Af), son entreprise de constructions routières, et le règlement de la crise à Ecobank, l’ex-directeur général des Brasseries du Cameroun se garde de s’impliquer de nouveau dans le débat. Mais les adversaires d’André Fotso scrutent le moindre signe du mentor. Ils ne manqueraient pas d’interpréter une sortie du même acabit que celle de l’année dernière comme un lâchage de son poulain.
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