Cameroun : Joseph Dion Ngute parviendra-t-il à sauver sa tête ?

Entendu par les enquêteurs sur la gestion des fonds alloués à la lutte contre le Covid-19, combattu par de puissants rivaux, le Premier ministre est dans la tourmente. Paye-t-il le fait d’avoir cherché à s’autonomiser du palais ?

Joseph Dion Ngute, lors du Grand Dialogue national, en septembre 2019. © Maboup

Joseph Dion Ngute, lors du Grand Dialogue national, en septembre 2019. © Maboup

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Publié le 1 juillet 2021 Lecture : 7 minutes.

Les secrets d’État ne sont plus ce qu’ils étaient. Rien ne se cache. En dépit du luxe de précautions prises, l’information selon laquelle le Premier ministre a été auditionné le 12 juin par les enquêteurs du Tribunal criminel spécial (TCS) n’a pas tardé à fuiter. Peu importe que la justice ait choisi un jour non ouvrable et la discrétion de la propre résidence de Joseph Dion Ngute, située au bord du lac municipal de Yaoundé, pour l’entendre sur l’affaire dite des fonds Covid, dont la gestion controversée fait scandale.

A-t-on jamais vu un Premier ministre en fonction se faire cuisiner par des enquêteurs ?

Début juin, les magistrats avaient déjà recueilli le témoignage de son directeur de cabinet, Balungeli Confiance Ebune. Il avait alors semblé qu’ils ne s’enhardiraient pas plus loin. A-t-on jamais vu un Premier ministre en fonction se faire cuisiner par des enquêteurs ? Le ministre de la Justice, le puissant Laurent Esso, qui est pourtant tout sauf un allié de Dion Ngute, a lui-même refusé de se mêler de cette procédure inédite. Mais, aiguillonnés par une main invisible prête à toutes les transgressions, les fins limiers sont parvenus à auditionner le chef du gouvernement.

Pour le meilleur et pour le pire

Âgé de 67 ans, cet anglophone nommé à la primature le 4 janvier 2019 est la deuxième personnalité de l’exécutif selon la Constitution. Mais dans la pratique, le Premier ministre est mis en concurrence avec Ferdinand Ngoh Ngoh, secrétaire général de la présidence depuis dix ans. Et alors que cette rivalité riche en rebondissements secoue le landerneau politique camerounais, le président Paul Biya laisse faire. C’est même lui qui a fait la part belle à ce proche collaborateur auquel il a délégué de larges pouvoirs, conférant à ce haut fonctionnaire rang et prérogatives de ministre d’État.

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