Bataille dans le cuivre congolais

Le gisement de Kamoto, à Kolwezi, attise les convoitises. En provoquant le retrait de la Camec, Kinshasa semble avoir fait son choix

Publié le 10 septembre 2007 Lecture : 2 minutes.

Une nouvelle étape a été franchie, le 30 août, dans la bataille pour l’exploitation du cuivre congolais, avec l’annonce de la révocation des permis miniers de la société britannique Central African Mining & Exploration Company (Camec) et de sa filiale congolaise Boss Mining. Officiellement, la décision prise par le gouvernement s’appuie sur sa volonté d’assainir le secteur, en effectuant un audit des contrats signés pendant les années de guerre (voir encadré). Concrètement, elle a provoqué le retrait de l’OPA lancée par la Camec, le 29 août, sur Katanga Mining Limited (KML). Cette société cotée à Toronto détient la licence d’exploitation du gisement de Kamoto, à Kolwezi. Il s’agissait de la plus importante mine de cuivre et de cobalt de la Gécamines avant son éboulement en 1990. En lançant son raid, la Camec voulait faire passer sa participation dans KML de 22 % à 54 %. Mais après une chute de 50 % de sa valeur boursière en six journées de cotation à Londres, elle a jeté l’éponge et retiré son offre Furieux, ses dirigeants crient au « complot politique », par l’intermédiaire d’Alex Kabinda Ngoy, l’avocat de Boss Mining. Les autorités congolaises se bornent, elles, à affirmer que leur décision à l’encontre de la Camec n’est qu’un « pur hasard de calendrier ». Peut-être. Reste, toutefois, un fait troublant : Phil Edmonds, le patron de la Camec, n’a en effet jamais caché sa proximité avec l’homme d’affaires zimbabwéen Billy Rautenbach, que l’on dit derrière Boss Mining. Or ce dernier n’est pas en odeur de sainteté à Kinshasa. Directeur de la Gécamines sous la présidence de feu Laurent-Désiré Kabila, il avait été révoqué par le père de l’actuel chef de l’État, qui l’accusait de détourner du cobalt. Également recherché en Afrique du Sud où il est accusé de fraudes et de corruption, il a fini par être expulsé de RD Congo en juillet dernier
À KML également, la décision du gouvernement congolais alimente les conversations. Anticipant sur l’OPA avortée de la Camec, Georges Forrest, actionnaire majoritaire et vice-président de la société, avait commencé à s’en rapprocher. Objectifs : faire en sorte que ce raid ne soit pas hostile et contrer une éventuelle tentative de rachat lancée, cette fois, par Nikanor, une société cotée à Londres derrière laquelle se trouve Dan Gertler, qui posséderait déjà 17 % de KML.
L’offre de la Camec retirée, Forrest doit se rendre à l’évidence : il a misé sur le mauvais cheval pour garder la mainmise sur la mine de Kamoto, et cherche à temporiser. Il met tout en uvre pour se dissocier du sulfureux Rautenbach. « Jamais nous n’avons été en contact avec lui », déclare ainsi le porte-parole de Forrest International, Henri de Harenne.
En revanche, Dan Gertler, lui, voit ses chances augmentées. Réputé proche du président Joseph Kabila, le bruit court qu’il ne devrait pas tarder à faire une offre sur KML, voire, dit-on, sur la Camec. Si elle se concrétise, Nikanor deviendrait alors non seulement leader en RD Congo, mais aussi, potentiellement, sur le marché mondial du cuivre et du cobalt.

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