Aller simple pour Malabo ?

Obiang Nguema et Mubage se mettent d’accord sur l’extradition de Simon Mann.

Publié le 10 septembre 2007 Lecture : 2 minutes.

La tractation en dit long sur la déliquescence de l’économie zimbabwéenne et la crise que connaît ce pays désormais contraint d’explorer toutes les voies possibles pour acheter du pétrole à des conditions inférieures à celles du marché. En visite officielle de quatre jours à Harare fin août, le président équatoguinéen Téodoro Obiang Nguema s’est dit prêt à effacer une facture de 24 millions de dollars de livraison de brut que le gouvernement de Robert Mugabe est dans l’impossibilité d’acquitter. En contrepartie, l’homme fort de Malabo souhaite que son hôte approuve l’extradition de Simon Mann vers la Guinée équatoriale.
Arrêté in extremis sur le tarmac de l’aéroport de Harare, le 7 mars 2004, Mann, ancien agent des Forces spéciales britanniques (Sas), est soupçonné d’avoir tenté de fomenter un coup d’État avec un groupe de mercenaires contre le chef de l’État équatoguinéen. Il a été condamné par la justice zimbabwéenne pour trafic d’armes à sept ans d’emprisonnement. La peine ayant été entre-temps ramenée à quatre ans, il a théoriquement fini de la purger en mai dernier. Mais ses ennuis ne sont pas terminés, la justice équatoguinéenne souhaitant elle aussi instruire son procès. Les deux pays devraient s’entendre sur la question. Aux abois, le président Robert Mugabe a-t-il le choix ?
Le Zimbabwe ne dispose plus de devises suffisantes pour payer sa facture pétrolière, qui s’élève à 130 millions de dollars par mois, et se voit contraint de s’approvisionner directement auprès d’un État producteur en échange de diamants ou de produits d’élevage.
Alors que les négociations engagées ces derniers mois avec l’Angola, le Soudan et la Libye n’ont pu aboutir, la Guinée équatoriale, troisième pays producteur d’Afrique subsaharienne, s’impose comme interlocuteur privilégié. D’autant que l’affaire Mann a considérablement resserré les liens politiques entre les deux pays. Selon le quotidien Zimbabwe Independent, des négociations seraient en cours depuis le mois de mars, et Malabo se serait déjà vu offrir une cargaison diamantifère provenant du Manicaland (Est). L’accord « pétrole contre mercenaire » vient bien compléter le dispositif.
Les avocats de Simon Mann ont fait appel de la décision de la justice zimbabwéenne, en mai dernier, qui autorise son transfert à Malabo. Ils invoquent l’état de santé de leur client – qui doit être opéré d’une hernie -, de celui des infrastructures sanitaires équatoguinéennes et du risque encouru à être jugé à Malabo. Selon l’avocat de Mann, Jonathan Samkange : « La législation internationale impose au Zimbabwe d’interdire les extraditions vers les pays susceptibles de pratiquer des traitements cruels et dégradants. » Un argument démonté par les avocats du gouvernement équatoguinéen, qui soulignent l’ouverture récente d’un hôpital flambant neuf à Bata, seconde ville du pays, et rappellent que les autorités ont d’ores et déjà renoncé à requérir la peine de mort contre le mercenaire. Elles ont même accepté que le procès soit instruit par des juges désignés par l’Union africaine.
La cour d’appel du Zimbabwe devrait rendre sa décision courant septembre. S’il était à nouveau jugé sur le sol équatoguinéen, Mann encourrait jusqu’à trente ans d’emprisonnement.

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