Angola : comment Sonangol booste les talents africains

Le géant angolais du pétrole a développé une politique originale pour la montée en capacité des équipes locales. Explications.

Employés de la raffinerie de Luanda appartenant à la compagnie nationale, octobre 2020. © Osvaldo Silva / AFP

Employés de la raffinerie de Luanda appartenant à la compagnie nationale, octobre 2020. © Osvaldo Silva / AFP

ProfilAuteur_ChristopheLeBec

Publié le 18 juillet 2021 Lecture : 2 minutes.

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En 2017, Guy Maurice, alors patron de la branche exploration-production de Total en Afrique subsaharienne, vantait le réalisme de l’Angola dans sa politique de « contenu local ».

Confronté comme tous les pétroliers à une chute drastique du prix du baril de brut en 2014, passé de 110 dollars (93 euros) à 50 dollars pendant le mois de juillet de cette année-là, le géant français avait malgré tout confirmé la poursuite du mégaprojet Kaombo dans le pays, un investissement de 16 milliards de dollars – initialement, l’enveloppe annoncée devait être de 20 milliards de dollars.

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En échange de la poursuite du projet, il a obtenu de Luanda une réduction du nombre d’heures travaillées sur place, quand celles-ci occasionnaient un surcoût important, notamment du fait de l’absence de compétences locales.

« Les Angolais ont compris qu’il n’y avait guère d’intérêt à faire venir des expatriés à grands frais dans le pays quand les transferts de compétences sur place étaient limités ou impossibles, et qu’on pouvait faire vraiment moins cher ailleurs », se félicitait à l’époque le cadre français.

Finalement, le pétrolier a, certes, grâce à ses concessions de Luanda, économisé 1 milliard de dollars sur la facture globale de Kaombo, en plus de 3 milliards d’autres économies issues principalement de réingénierie et de négociations avec des fournisseurs implantés autre part dans le monde.

Mais surtout il a concentré son contenu local sur les parties du projet les plus pertinentes priorisées par les autorités angolaises, et en particulier sur la montée en puissance des unités d’assemblage des barges de production pétrolière offshore (FPSO) et de sous-traitances pétrolières implantées à Porto Amboim. Celles-ci avaient déjà participé à Clov, le précédent projet de Total avant Kaombo. À l’époque, pas moins de 10 millions d’heures de travail avaient été réalisées localement ; pour Kaombo, le volume était de 14 millions d’heures en Angola.

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Rôle central

Cette agilité de l’Angola sur les sujets de contenu local vient sans aucun doute du rôle central de la Sonangol dans la politique pétrolière du pays.

Pour gérer ses relations avec chacun de ses grands partenaires, elle missionne un haut cadre dirigeant proche à la fois des autorités et de la direction générale de cette grande compagnie nationale africaine, jugée l’une des plus compétentes sur le plan technique par les connaisseurs du secteur pétrolier. Du reste, l’ex-président de la Sonangol, Carlos Saturnino, était jadis chargé des relations de la compagnie avec… Total.

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Si les compétences pétrolières du Nigeria sont tout aussi développées qu’en Angola, la compagnie nationale (NNPC) n’y joue pas le même rôle de grand architecte de la montée en compétence locale. Les professionnels nigérians du secteur travaillent avant tout dans des sociétés privées, qu’elles soient locales ou filiales de groupes internationaux. L’État nigérian, plus inflexible sur les sujets de contenu local, a toutefois davantage de mal à imposer le respect des réglementations en la matière.

Reste que les baisses des cours liées à la pandémie ont mis en exergue la fragilité du secteur pétrolier angolais, du fait de coûts de production plutôt élevés, ce qui pourrait mettre en péril la montée en compétence locale de l’Angola si de nouveaux projets ne sont pas annoncés.

Certains opérateurs industriels de Porto Amboim, notamment le néerlandais Heerema, ont décidé à la fin de l’année 2020 de réduire la voilure dans le pays.

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