Cryptomonnaies, cryptomirage ?
Les devises virtuelles font fureur en Afrique. Mais après la chute brutale du bitcoin, les utilisateurs s’inquiètent de leur volatilité… et des nombreuses failles de sécurité.
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Damien Glez
Dessinateur et éditorialiste franco-burkinabè.
Publié le 27 juin 2021 Lecture : 2 minutes.
Déjà en pointe dans le secteur du « mobile banking », l’Afrique n’a plus peur de l’argent dématérialisé. Il arrive déjà que, confronté à des économies instables et des taux d’inflation galopant, l’argent local soit délaissé au profit de devises occidentales ou de monnaies virtuelles. Alors ajoutons-y le caractère « branché » des cryptomonnaies et le fantasme d’une émission monétaire sans banque centrale et vous obtenez un engouement certain de la part des concepteurs ou des usagers.
Les utilisateurs africains de crypto-actifs, ce sont les épargnants de pays économiquement chahutés ou les spéculateurs du dimanche de zones plus stables sur le plan monétaire. Les concepteurs de cryptomonnaie africaine, ce sont notamment des artistes comme le chanteur sénégalais Akon, qui a annoncé dès 2018 le lancement de l’Akoin, ou le Sénégalais Mansour Ciss et le Canadien Baruch Gottlieb, géniteurs de l’Afro, devise aussi militante que virtuelle, à l’effigie notamment de Léopold Sédar Senghor et enrobée d’un discours panafricain.
Pirates informatiques
Selon le journaliste Ijeoma Ndukwe interrogé par la BBC, « le commerce des cryptomonnaies est déjà plus important au Nigeria que presque partout ailleurs dans le monde ». On estime que 9 % des Nigérians et 11 % des Sud-Africains en possèdent.
Pourtant, c’est un vent africain glacial qui souffle, ces dernières semaines, sur le marché de ces devises. Ces derniers mois, la plus ancrée des cryptomonnaies donnait en effet les signes d’une inconstance inquiétante. Fin mai, le bitcoin perdait la moitié de sa valeur en quelques jours. Certes, il y a quatre ou cinq ans, il valait à peu près cent fois moins. Mais la volatilité – favorable ou non – reste préoccupante pour qui veut sécuriser son épargne. Et bien malin l’économiste qui sera capable de prédire si le cours va désormais grimper ou descendre…
Au caractère erratique de cet objet de spéculation s’ajoutent des risques particulièrement prégnants sur le continent. L’agrément nécessaire à la collecte de l’épargne y est moins contrôlé qu’ailleurs ; des pirates informatiques s’insinuent, via les ordinateurs ou les téléphones portables, au début et à la conclusion des transactions de ces monnaies par ailleurs extrêmement sécurisées ; les assurances dédiées sont quasiment inexistantes… Un peu d’organisation, de sécurisation et de contrôle pourrait stabiliser le secteur des crypto-actifs en Afrique.
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