Wizkid : avec « A Superstar Made in Lagos », la star de l’afrobeats auto-célèbre sa légende
La star nigériane fête les dix ans de son premier album, « Superstar », avec un docu-série. Dix entretiens vidéo diffusés sur sa chaîne YouTube, StarBoy TV, destinés à louer son talent.
La star a 30 ans, mais elle en paraît bien 10 de moins. Lunettes dorées éclipsant son regard, gros collier de diamants, sapes rouge écarlate… Sous ses oripeaux de playboy bling-bling, Wizkid est comme figé dans un état d’éternelle jeunesse. Il semble ne pas avoir vieilli depuis son premier album au titre prophétique, Superstar. Dans un exercice d’autopromotion dont les Nigérians ont le secret, il se prête au jeu de l’interview pour célébrer les 10 ans de son premier disque.
Un docu-série, A Superstar Made in Lagos, rassemblant dix entretiens (Wizkid donc, mais aussi des artistes proches, des mentors…) est en ligne sur sa chaîne Youtube, StarBoy TV (1,81 million d’abonnés). Réalisé par la société nigériane JM Films, qui a concocté les vidéos des hits de nombreuses stars nigérianes (Burna Boy, Mr Easy…), cette série est lisse comme un clip et réécrit la légende du jeune homme en gommant toute aspérité.
Posant devant une affiche géante de son single, No Stress, Wizkid rend hommage sans surprise à Lagos (lui qui vit également aujourd’hui à Los Angeles et Londres, où il possède des villas), à l’amour, la plus puissante des « religions » ou à sa famille. « Il n’y a rien de plus important que la famille », explique ainsi le chanteur et dragueur invétéré, qui, à 21 ans, mettait enceinte une étudiante, Sola Ogudugu, sans reconnaître sa paternité.
Débuts courageux
Il revient aussi sur ses débuts dans la musique. « J’étais en studio tous les jours, même quand je n’étais pas invité », glisse le chanteur très reconnaissant à l’égard de Banky W : ce dernier, co-fondateur du label EME (Empire Mates Entertainement) est le premier à l’avoir signé et lui a donné l’opportunité d’enregistrer l’album Superstar. Là encore, Wizkid embellit l’histoire, car après une collaboration de quelques années, il a fondé son propre label, StarBoy Entertainment, se brouillant avec son ancien mentor et multipliant les clashs avec lui sur Twitter. La hache de guerre semble définitivement enterrée. « Je veux remercier Banky pour avoir compris ma vision et m’avoir pris sous son aile, comme si j’étais son petit frère », pose humblement la star.
Il traînait devant les studios d’enregistrement et suppliait les ingénieurs et les producteurs de le laisser enregistrer
Banky W est d’ailleurs lui-même interviewé. Il compte parmi les invités les plus intéressants de la docu-série, révélant notamment les débuts modestes et courageux de la superstar originaire du quartier de Surulere. « Il traînait toute la journée devant les studios d’enregistrement et attendait. Il suppliait les ingénieurs et les producteurs d’avoir pitié de lui et de lui permettre d’enregistrer 15 ou 30 minutes, parce qu’évidemment il ne pouvait pas payer pour ses propres sessions. »
https://www.instagram.com/p/CNdBx9mJfDC/
Ovations télécommandées
Parmi les autres témoignages, celui de l’artiste Terri, qui raconte à quel point la star de l’afrobeats s’acharne à la tâche. « Il ne dort pas », assure-t-il… expliquant même que lorsque son entourage lui conseille de prendre du repos, le stakhanoviste appelle cinq producteurs en même temps pour préparer son prochain hit. Le producteur et acteur Basketmouth se souvient d’une session d’enregistrement où Wizkid est apparu pour lâcher un refrain parfait en une seule prise (sur un titre qui n’est malheureusement jamais sorti). Femi Kuti remercie le jeune homme pour son soutien à la Felabration, le festival célébrant Fela. Le boxeur Anthony Joshua n’a pas grand chose à dire, sinon qu’il est fan de la musique de Wizkid…
Bref, ce drôle d’objet vidéo est à prendre pour ce qu’il est : un exercice essentiellement masturbatoire qui en vient même, sans blaguer, à célébrer l’humilité de la star. Il épate néanmoins par son culot. Et rappelle qu’à un moment où Wizkid est talonné par de nouveaux talents, comme Burna Boy, quelques ovations ne font pas de mal. Même quand elles sont un peu télécommandées.
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