Lune de miel sino-africaine

Publié le 10 juillet 2006 Lecture : 2 minutes.

D’un côté, la Chine, le dragon du XXIe siècle ; de l’autre, l’Afrique, l’autruche impuissante à relever le défi du développement. Dans un essai que publie L’Harmattan, le journaliste et consultant sénégalais Adama Gaye (également directeur de la communication et porte-parole du groupe Ecobank) passe au crible le parcours des deux ensembles géographiques au cours des soixante dernières années.
Jusqu’au milieu des années 1970, la Chine et l’Afrique présentaient de nombreux points communs, pour avoir, l’un comme l’autre, subi l’exploitation coloniale et vécu sous des régimes autoritaires. Gaye explique la formidable percée de l’empire du Milieu par le passage au pouvoir d’un leader visionnaire, Deng Xiaoping, qui a su mettre le géant asiatique sur les rails de la réussite économique et sociale. Selon lui, l’Afrique ne parvient pas à sortir du sous-développement parce qu’elle se trouve dans les mains du « Club des prédateurs ». « Se cachant derrière leurs titres démocratiques, entourés de membres de leurs familles ou de leurs alliés politiques, ils n’ont pas craint de transformer leur pays en propriété privée, explique le journaliste. La justice est aux ordres, les intellectuels écartés, l’administration instrumentalisée, les biens publics pillés par ceux qui s’étaient fait élire pour transformer positivement le pays. » Et de dénoncer également le manque de réalisme des organisations africaines et de regretter que le discours de La Baule sur la démocratisation en Afrique ne soit pas allé au-delà des mots.
Gaye entrevoit dans la lune de miel sino-africaine un partenariat plus équilibré. Sans être dupe. Au tiers-mondisme politique des années 1960 et 1970, les Chinois tentent de substituer une logique de coopération économique. Objectif de Pékin : étancher sa soif de matières premières et favoriser la pénétration des produits de grande consommation de ses industriels. selon Gaye, l’Afrique a tout à gagner à regarder au-delà de ses deux grands voisins, l’Europe et les Etats-Unis, et à s’inspirer des modèles asiatiques, mais elle doit faire attention à la déferlante des produits chinois qui se déversent sur ses marchés.

Chine-Afrique : le dragon et l’autruche, d’Adama Gaye, éditions L’Harmattan, 300 pages, 25,50 euros.

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