Cameroun, Maroc, Gabon… L’Afrique suffoque sous le plastique

L’ampleur de la contamination alimentaire provoquée par les déchets plastiques et leur recyclage est alarmante sur le continent. Jeune Afrique a eu accès en exclusivité à des données le démontrant.

Des hommes travaillent sur une décharge de déchets électroniques à la périphérie d’Accra, au Ghana, le 9 avril 2015. © KAY NIETFELD/AFP

Des hommes travaillent sur une décharge de déchets électroniques à la périphérie d’Accra, au Ghana, le 9 avril 2015. © KAY NIETFELD/AFP

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Publié le 22 juin 2021 Lecture : 7 minutes.

L’Afrique est particulièrement vulnérable aux déchets plastiques toxiques. C’est la conclusion des deux derniers rapports d’Ipen (réseau international pour l’élimination des polluants) et de l’ONG Arnika. Le premier décrit la façon dont ils empoisonnent la nourriture dans quatre pays africains (Ghana, Kenya, Cameroun, Tanzanie). Le second se penche sur les dangers de produits neufs issus de plastiques recyclés dans huit pays du continent (Kenya, Cameroun, Tanzanie, Éthiopie, Gabon, Maroc, Tunisie).

Pourquoi le continent, qui ne produit, avec le Moyen-Orient, que 7% des plastiques de la planète, est-il si touché ? Les pays développés y exportent leurs déchets plastiques ou électroniques – aux composants bannis sur leur sol -, alors qu’ils y sont souvent traités de manière informelle.

« Les pays industrialisés ont des normes strictes d’élimination des déchets électroniques à cause des substances toxiques qu’ils contiennent – en particulier les retardateurs de flamme – , mais la plupart sont envoyés pour recyclage et/ou mise à neuf en Afrique ou en Asie. Or, ces régions ne disposent pas des technologies et compétences pour les traiter tout en protégeant la santé humaine et l’environnement », regrette Gilbert Kuepouo, co-auteur des deux rapports et référent d’Ipen pour l’Afrique francophone.

Cendres toxiques

La décharge d'Agbogbloshie, au Ghana. © DR / Arnika et Ipen

La décharge d'Agbogbloshie, au Ghana. © DR / Arnika et Ipen

« On peut sentir l’odeur des fumées chimiques qui s’échappent d’Agbogbloshie, en banlieue d’Accra, à deux kilomètres à la ronde. Du plastique y est brûlé par les habitants pour en extraire des métaux à revendre », raconte Jindrich Petrlik, autre co-auteur du rapport et chercheur pour Arnika et Ipen.

Ce spécialiste des déchets toxiques a collecté des œufs vendus à proximité de cette tristement célèbre décharge à ciel ouvert et sur deux autres sites au Ghana. « Cet endroit est particulièrement intéressant car il se situe au cœur d’un bidonville où vivent des dizaines de milliers de personnes. Dans certaines habitations, de la cendre contenant des résidus dangereux est mélangée au sol », poursuit-il.

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