Le continent sinisé

Publié le 10 juillet 2006 Lecture : 1 minute.

Depuis la fin des années 1990, la percée chinoise en Afrique a pris des proportions spectaculaires. Les dirigeants de Pékin lui font une cour assidue. En l’espace de deux mois, le président chinois, Hu Jintao, et son Premier ministre, Wen Jiabao, ont effectué deux visites remarquées. [] La phase de l’intense lutte d’influence avec Taiwan, qui y entretenait une poignée d’États clients, est close depuis que l’Afrique du Sud puis le Sénégal ont cédé aux sirènes de la République populaire. C’est un pragmatisme très cru, cynique, diront certains, qui motive désormais la Chine.
Comme les Occidentaux, la Chine guigne les richesses du continent. Elle achète massivement du pétrole, du manganèse, du coton et bien d’autres matières premières. Et elle écoule un flux croissant de produits made in China, très appréciés des consommateurs africains au modeste pouvoir d’achat. Les échanges commerciaux, qui ont triplé de 2001 à 2004, explosent.
Les Occidentaux sont fort mal placés pour dénoncer cette influence grandissante de Pékin sur un continent à l’égard duquel ils ont été, eux aussi, des champions du cynisme. Les inquiétudes que peut susciter cette inexorable sinisation de l’Afrique n’en sont pas moins légitimes. Car les dirigeants de Pékin ne s’embarrassent guère de scrupules dans cette stratégie dont la finalité n’est autre que d’alimenter la machine économique de l’empire du Milieu. Au nom d’une rhétorique anticolonialiste qui résonne encore puissamment dans les capitales africaines, ils ont fait de la « non-ingérence dans les affaires intérieures » des États le principe cardinal de leur diplomatie. On comprend que des gouvernements répressifs et corrompus apprécient. Mais il n’est pas sûr que les opinions africaines, victimes de ces pouvoirs, aient à gagner d’une telle collusion.

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