L’après-Camair

Une nouvelle compagnie aérienne va voir le jour à la place de Cameroon Airlines. Elle sera pilotée par le transporteur belge SN Brussels Airlines.

Publié le 10 juillet 2006 Lecture : 3 minutes.

Victime d’une liquidation, la compagnie Cameroon Airlines est enfin parvenue à assurer sa succession. Et c’est SN Brussels Airlines qui s’est vu confier, le 29 juin, le soin de relever le pavillon, même si, à Bruxelles, on se refuse à parler de rachat ou de reprise. D’ailleurs, on ignore encore précisément quels actifs le nouvel opérateur héritera. Quid des équipements, des biens immobiliers, de la flotte ou du personnel de l’ex-Camair ? Seule certitude, il récupérera les droits de trafic et assurera des vols domestiques, régionaux et internationaux à partir de sa plate-forme opérationnelle de Douala.
La désignation du consortium First Delta Air Services comme adjudicataire provisoire de l’appel d’offres pour la souscription de 51 % des actions de la future compagnie nationale a été annoncée le 29 juin, l’État gardant le reste du capital dans son portefeuille. First Delta Air Services a pour actionnaires le transporteur belge SN Brussels Airlines (60 %) et le camerounais Cenainvest (40 %). Cette société de capital-risque est une filiale d’Afriland First Bank, groupe financier fondé par Paul Kammogne Fokam. Elle a notamment bénéficié, depuis sa création, de l’expertise technique et de l’appui financier de la FMO (Société néerlandaise pour le financement du développement), qui favorise les investissements du secteur privé dans les pays en développement.
Annoncée en février 2005, la cession de Cameroon Airlines s’est précisée en début d’année. Une invitation à la préqualification a été publiée le 25 janvier dernier, et les opérateurs intéressés ont été invités à soumissionner. Quatre repreneurs potentiels ont ensuite suivi la procédure d’appel d’offres proprement dite : Kenya Airways, Royal Air Maroc, la sud-africaine Comair et SN Brussels.
Un temps intéressée, Comair Ltd. a vite jeté l’éponge. À la fin mai, ce fut au tour de la compagnie kényane d’abandonner la partie, jugeant les conditions du gouvernement par trop contraignantes. La RAM, en revanche, a fait preuve de persévérance. Après avoir tenté de s’imposer comme partenaire technique de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac) pour la création d’une compagnie sous-régionale, le pavillon marocain a opté pour une approche nationale. Ainsi, le 29 décembre, il a pris le contrôle d’Air Gabon. En récupérant les droits de trafic aérien de l’État camerounais, la RAM aurait pu compléter son maillage de l’Afrique centrale.
Mais le fait que SN Brussels desserve déjà le Cameroun à raison de quatre vols hebdomadaires n’a fait que renforcer son offre. Et crédibiliser son projet de transformer l’aéroport de Douala en hub régional, même si cela ne va pas contribuer à ouvrir davantage à la concurrence les lignes Afrique-Europe. Enfin, Yaoundé a toujours milité pour que les privés camerounais soient largement représentés dans l’actionnariat de la nouvelle société. Le patriotisme économique aidant, ce facteur a sans doute joué un rôle important en faveur de SN Brussels, associée pour la circonstance à Cenainvest.
Pour Albert Florent Bengala, le directeur général de Cenainvest, « le transport aérien est une activité comme une autre ». Il n’en reconnaît pas moins que, par sa taille, ce projet est le plus important que sa société de capital-risque ait eu à mener depuis sa création en 1999. Du côté de SN Brussels, on reste discret sur le profil de la nouvelle compagnie, dans l’attente de la signature de la transaction avec l’administration camerounaise. Pour Cédric Leurquin, responsable de la communication, « il s’agit de faire de la nouvelle entité une société de référence ». Ce que SN Brussels semble être devenue en Europe : selon un sondage réalisé par l’association française de consommateurs Que choisir ? auprès de 8 638 usagers à travers six pays d’Europe sur les compagnies aériennes, le pavillon belge arrive en tête des trente compagnies les plus citées, ce classement étant notamment fondé sur des critères de ponctualité, de sécurité, de confort ou de qualité du service. De quoi faire oublier les retards systématiques et la gestion approximative de Cameroon Airlines

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