Entre autocritique et autosatisfaction

Publié le 10 juillet 2006 Lecture : 3 minutes.

A deux ans des élections municipales et à trois ans des législatives et de la présidentielle, le Parti démocratique de Guinée équatoriale (PDGE) a tenu son 4e congrès ordinaire du 5 au 7 juillet à Bata, la capitale économique. Une rencontre placée par Teodoro Obiang Nguema Mbasogo, président du parti et chef de l’État, sous le signe de « la rénovation de l’esprit démocratique et de la redynamisation de son action au service du peuple de Guinée équatoriale ».
Fondé en 1986, le PDGE domine presque sans partage la scène politique locale. Avec ses alliés, il détient 98 des 100 sièges de l’Assemblée nationale. Autant dire que son hégémonie n’est pas menacée ! Pour les cadres et les militants, ce 4e congrès a néanmoins été l’occasion de mesurer le chemin parcouru depuis les dernières assises, en 2001. Et, surtout, de se livrer à un salutaire exercice d’autocritique, en tout cas à un débat contradictoire. Il s’agit de « rénover nos comportements et nos structures, de créer une nouvelle forme de militantisme, d’adopter un profil plus progressiste, plus moderne, mieux adapté aux réalités du pays », explique un congressiste.
Même si, à l’occasion, certaines voix se sont élevées pour exprimer des préoccupations particulières – par exemple, la faible représentation des femmes dans les instances dirigeantes -, il a surtout été question du bilan des différents ministères. « Pour la première fois, explique un cadre, nous avons reconnu que tous les objectifs n’ont pas été atteints et que beaucoup reste à faire. »
Tous les partis d’opposition étaient représentés lors du congrès du PDGE, et certains opposants sont d’ailleurs montés à la tribune pour s’adresser aux congressistes. Bizarrerie équatoguinéenne ? Secrétaire exécutif chargé des relations avec les institutions au sein de la Convergence pour la démocratie sociale (CPDS) – qui compte deux députés à l’Assemblée et que certains considèrent comme « la véritable opposition » -, Jésus Elá Abeme s’efforce de replacer les choses dans leur contexte : « Dans un pays doté d’une démocratie déjà consolidée, ma présence à ce congrès aurait été anormale. Mais ici, depuis l’avènement du multipartisme, chaque fois qu’un mouvement politique organise un congrès, il invite tous les autres partis. Pour nous, c’est l’occasion de montrer à nos adversaires leurs propres défaillances. Comme on ne peut pas le faire ailleurs, nous profitons de l’occasion. »
Les opposants ne parlent toutefois pas d’une seule voix. Ceux qui se réclament de l’« opposition démocratique nationale » – c’est-à-dire les partis alliés au PDGE (ils comptent une dizaine de députés) – dénoncent les positions à leurs yeux trop « radicales » de la CPDS. De leur côté, certains cadres du PDGE reprochent aux députés de l’alliance présidentielle de privilégier leurs intérêts personnels. « Ici, l’opposition se résume à un règlement de comptes permanent, elle ne repose pas sur des idées, regrette l’un d’eux. Ses dirigeants veulent simplement profiter de la générosité de l’État. Ceux qui se disent nos alliés sont des opportunistes. Ils préfèrent être du côté de celui qui a beaucoup de moyens plutôt que de suivre ceux qui n’en ont pas. »
Le parti au pouvoir estime pour sa part que le boom pétrolier a cloué le bec à l’opposition et renforcé Teodoro Obiang Nguema Mbasogo, dont « les réalisations sont visibles ». La grande inconnue du congrès était de savoir si le chef de l’État souhaitait conserver la présidence du parti. Des rumeurs avaient même circulé selon lesquelles il s’apprêterait à passer le relais à son fils Teodoro Nguema Obiang Mangue, ministre de l’Agriculture et des Forêts. Mais le 7 juillet, il a été réélu pour un nouveau mandat de cinq ans. Et ses amis le voient candidat à sa propre succession lors de la présidentielle de 2009.

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