Cameroun : la « sextape » du journaliste Martin Camus Mimb fait scandale
Une vidéo tournée dans le bureau de Martin Camus Mimb, un célèbre journaliste sportif, et montrant les ébats d’une jeune fille avec un homme provoque la polémique. Le début d’un MeToo camerounais ?
Depuis bientôt une semaine, l’opinion publique camerounaise est fascinée par un feuilleton médiatique mettant en scène une jeune fille et deux hommes, dont Martin Camus Mimb, un célèbre journaliste sportif, notamment directeur de la RSI (Radio Sport Info) à Douala. Tous trois sont les principaux protagonistes d’une affaire au centre de laquelle on trouve une sextape ayant fait irruption sur la Toile dans l’après-midi du 16 juin.
Les avocats de la jeune fille dont le visage apparaît dans cette vidéo à caractère sexuel promettent d’engager dès ce jour une procédure judiciaire contre le journaliste et son présumé complice, qu’ils accusent d’avoir volontairement diffusé les images controversées.
Quatre photos et une vidéo montrent les ébats intimes d’une jeune fille avec un individu non identifié. On la voit également poser avec le journaliste Martin Camus Mimb dans les locaux de sa radio, reconnaissable aux logos peints sur les murs des différentes pièces dans lesquelles s’est déroulé le tournage.
Lieu de débauche
La vidéo a rapidement provoqué un tollé au sein de l’opinion. Face aux critiques, Martin Camus Mimb a reconnu qu’il s’agissait bien de son bureau, tout en niant une quelconque proximité avec les deux autres personnes filmées, ainsi que son implication directe. « Cette jeune dame est venue dans mon bureau avec son copain dans le but de se faire dédicacer mon livre [autobiographie en promotion, NDLR], s’est-il d’abord justifié. Ce couple d’inconnus s’est dit disposé à débattre de multiples projets avec moi […]. J’ai naïvement proposé qu’ils m’attendent dans mon bureau sans me douter de quoi que ce soit. Je découvre ahuri qu’ils ont transformé mon espace de travail en lieu de débauche. »
L’artiste et militante Patricia Bakalack a accusé Mimb d’avoir tenté d’abuser d’elle en 2012
Connu pour son hostilité à l’égard de certains partis d’opposition et pour sa proximité avec le footballeur Samuel Eto’o, Martin Camus Mimb a été défendu par son entourage, qui affirme qu’il a été victime d’un stratagème ourdi par ses détracteurs pour saboter sa réputation. Sauf que les soutiens tous azimuts reçus initialement par le journaliste n’ont pas pu couvrir l’écho des témoignages de plusieurs autres femmes accusant Mimb de comportements déplacés, voire d’agression. C’est notamment le cas de l’artiste et militante des droits humains Patricia Bakalack, qui a accusé Mimb d’avoir tenté d’abuser d’elle en 2012.
Ces premières réactions ont poussé des lanceurs d’alertes à recueillir le témoignage de la jeune femme en question. Après les confidences de cette dernière à son entourage, la pression s’est davantage accentuée sur Martin Camus Mimb. Plusieurs artistes ont pris la parole pour soutenir la jeune femme. Richard Bona a ainsi dénoncé la « pornocratie », quand Charlotte Dipanda a enjoint de signaler les photos et les vidéos de la jeune fille pour qu’elles soient supprimées des réseaux sociaux.
Collectif d’avocats
Dans la foulée, Wilfried Eteki, un proche de Martin Camus Mimb présenté comme l’amant de la victime, a reconnu dans un communiqué être l’auteur de la vidéo, évoquant « une mauvaise manipulation qui l’a envoyée au mauvais destinataire ». Un aveu qui met en doute la version du journaliste, qui disait ne pas connaître le couple.
Son éditeur a suspendu la promotion de ses livres, qui ont par ailleurs été retirés des rayons des librairies. Les campagnes commerciales dans lesquelles il était impliqué ont été annulées et l’ensemble des journalistes qui l’avaient soutenu au départ se sont finalement rétractés. Dans le même temps, les organisations féministes ont lancé un appel à témoignages sur le cas de Mimb mais elles sont aussi plus largement demandé aux femmes en général de libérer leur parole face aux délinquants sexuels.
Ce 23 juin, un collectif d’avocats emmené par Me Dominique Fousse a saisi la justice. Selon des sources proches du dossier, la ligne de défense choisie est l’atteinte à l’image de la jeune fille. Une infraction contenue dans la loi sur la cyber-sécurité et la cyber-criminalité punie d’une peine d’un à deux ans de prison assortie d’une amende allant de 1 à 5 millions de F CFA.
Isolé, Martin Camus Mimb a affirmé qu’il ne réagira officiellement que lorsqu’une plainte sera déposée.
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