Cinq ans à la Maison Blanche

L’ancienne correspondante du New York Times se confie.

Publié le 10 juillet 2006 Lecture : 2 minutes.

Elisabeth Bumiller a été pendant cinq ans l’un des correspondants du New York Times accrédités à la Maison Blanche, à Washington. Avant de partir en book leave – en « congé sabbatique » – pour écrire un livre, elle a évoqué dans son journal quelques-uns de ces souvenirs qui font date dans une carrière de journaliste. Bumiller est entrée en fonction le 10 septembre 2001 – et quatre jours après, elle était dans l’Air Force One, l’avion présidentiel qui emmenait George W. Bush à New York. Elle se trouvait à quelques mètres de lui, face aux ruines du World Trade Center, lorsqu’il prononça le discours qui devait le faire s’envoler dans les sondages. Elle était aussi à Aqaba, en Jordanie, en juin 2003, lorsque furent pris les engagements les plus solennels sur le règlement du conflit israélo-palestinien. Ou à Bratislava, en Slovaquie, lorsque Bush et Vladimir Poutine parurent s’entendre sur les principes fondamentaux de la démocratie. ?La journaliste du NYT corrige aussi quelques idées fausses :
– D’abord, qu’à la Maison Blanche, on ne prête guère attention aux médias. En réalité, c’est une obsession. Ce qui se dit dans les journaux et à la télévision est le premier sujet débattu à la première réunion de 7 h 50. Et l’on remet ça dans le Bureau ovale, vers 9 heures, généralement avec Bush. Et l’on est harcelé par Laura Bush ou l’ex-attaché de presse Scott McClellan pour corriger un détail. Ou menacé par Karl Rove, le conseiller politique numéro un de Bush, d’être rayé des listes d’accréditation parce qu’un article a déplu.
– Ensuite, que la grande source d’information des journalistes serait le briefing télévisé. En fait, ils procèdent par « cercles concentriques », recueillant des petites phrases de membres du Congrès ou des fuites souvent organisées pour plus tard se faire confirmer de vraies informations.
– Troisièmement, que le président aurait un bon contact humain. Effectivement, la plupart des correspondants attitrés de la Maison Blanche ont des relations cordiales avec Bush, mais il n’est pas à l’abri d’une saute d’humeur – y compris avec ses proches, qui préfèrent alors prendre leurs distances. Anecdote : quittant un jour la Maison Blanche, Elisabeth Bumiller s’est trouvée nez à nez avec Bush sous les colonnades du Rose Garden. Elle a cru pouvoir lui dire : « Tiens, Monsieur le Président, qu’est-ce que vous faites là ? » Il a rétorqué : « Et vous, qu’est-ce que vous faites là ? » Le ton était plutôt sec.
– Qu’être correspondant à la Maison Blanche serait un lit de roses. À passer et repasser devant le portrait de George Washington par Gilbert Stuart, on se sent fier d’être américain, mais faire une tournée dans le Middle West en bus, dans la boue, les tempêtes de sable et sous une chaleur accablante, c’est moins drôle.

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