Bulletin de santé

Publié le 10 juillet 2006 Lecture : 3 minutes.

L’Afrique, et plus précisément l’Afrique subsaharienne, va-t-elle mieux en 2006 qu’en 2005, et allait-elle mieux en 2005 qu’en 2004 ?
Les nombreuses réactions que nous recevons de nos lecteurs après le catastrophique sommet de l’Union africaine de Banjul (voir pp. 20 à 27) nous reprochent de laisser penser que l’Afrique va mieux, alors que « le quotidien des populations est de plus en plus difficile ».

À la fin de juin dernier, notre confrère britannique The Economist écrivait ceci :
« Luanda change vite. Quelques années après la fin d’une guerre civile dévastatrice, les grues hérissent l’horizon de la capitale de l’Angola. Les immeubles à l’abandon sont rénovés, de nouvelles maisons coquettes et des immeubles de bureau poussent comme des champignons. Les routes sont remises en état, ce qui devrait permettre de réduire les embouteillages démentiels dont souffre la ville. Le taux de croissance de l’économie angolaise, l’an dernier, est estimé à 15,5 % – c’est le plus élevé du continent. Mais le reste de l’Afrique ne se porte pas mal non plus : selon un récent rapport conjoint de la Banque africaine de développement (BAD) et de l’Organisation pour la coopération et le développement économiques (OCDE), le taux de croissance de l’économie africaine a atteint près de 5 % l’an dernier et devrait être supérieur en 2006 et 2007. Lors de la réunion annuelle que le Forum économique mondial a consacrée, ce mois-ci, à l’Afrique, l’ambiance était inhabituellement enthousiaste. L’Afrique, qu’on appelle souvent le continent sans espoir, serait-elle finalement sur le point de décoller ? »
À cette question, la réponse est, hélas : non, pas encore.

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Dans beaucoup de pays, globalement, la situation économique s’est améliorée. Mais, sauf exception, les peuples ne sentent pas encore les véritables bienfaits de cette amélioration.
Le continent africain et son sous-sol sont riches en minerais et autres produits aujourd’hui très recherchés, en particulier par l’Inde et la Chine – 40 % de la population mondiale -, qui sont en pleine industrialisation.
Les prix de ces produits flambent, et les pays africains qui les exportent profitent globalement de ce boom.
Parallèlement, on note que même des pays comme l’Éthiopie et l’Ouganda, pauvres en matières premières, enregistrent une croissance forte, de l’ordre de 7 %.
L’allégement de la dette africaine, consentie par les pays riches, a soulagé une bonne vingtaine de pays africains d’un remboursement (par annuités) de l’ordre de 40 milliards de dollars (voir pp. 16 et 69).
L’inflation a diminué presque partout et quelques conflits se sont apaisés.
Il découle de ces évolutions incontestables que la grande politique et la macroéconomie donnent au reste du monde l’image d’un continent qui remonte lentement de très bas et va un peu mieux, même si l’on sait que le revenu par tête ne s’est amélioré que de 25 % en cinquante ans.

Et c’est où le bât blesse : que l’économie des quarante-sept pays de l’Afrique subsaharienne s’améliore beaucoup, peu ou pas du tout, la moitié la plus pauvre de leurs 750 millions d’habitants n’en sent guère les effets.
Les pauvres restent aussi pauvres (ils ne peuvent l’être davantage) et aussi nombreux, alors qu’en Asie, par exemple, leur nombre a été divisé par deux en quinze ans.
The Economist tire de cette situation une conclusion que je partage :
« L’Afrique est sans doute plus vulnérable que d’autres régions aux caprices du climat, de l’aide internationale et du prix des matières premières. Mais elle pourrait faire beaucoup plus pour l’éducation et la santé de ses habitants, pour favoriser la croissance de ses entreprises, pour développer l’irrigation et mieux contrôler l’érosion des sols, pour construire des routes et des réseaux de distribution d’eau et d’électricité. Surtout, en dépit d’améliorations ponctuelles, elle a le plus urgent besoin de gouvernements responsables et honnêtes, que les électeurs puissent librement écarter en cas d’échec. La relance actuelle de l’économie, à partir d’un niveau certes très bas, donne aux gouvernements une chance unique de bâtir pour l’avenir, en profitant d’une conjoncture un peu plus favorable. Retenons notre souffle. »

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