Washington perd une bataille
La politique américaine de subventions à ses producteurs cotonniers devrait être condamnée officiellement par l’Organisation mondiale du commerce (OMC), en juin prochain. C’est du moins ce que laisse présager le rapport intérimaire du groupe spécial de l’Organe de règlement des différends de l’institution, paru le 26 avril. Selon ce document – dont les détails sont restés confidentiels -, l’OMC devrait rendre une décision favorable au Brésil, qui avait déposé une plainte contre les États-Unis en octobre 2002.
Elle porte sur les années 1999-2002, au cours desquelles les farmers américains auraient perçu entre 1,5 milliard et 4 milliards par an de subventions cotonnières. Ce qui aurait provoqué, pour la seule année 2001-2002, près de 600 millions de dollars de pertes aux agriculteurs brésiliens. Les pays africains attendent la réaction américaine avec intérêt. Quatre d’entre eux – Bénin, Burkina Faso, Mali et Tchad – ont alerté l’OMC en mai 2003 sur les conséquences néfastes des aides américaines et européennes sur leurs producteurs. Et demandent des réparations ainsi que la suppression de ces subventions.
Pour Ideas Centre, une ONG suisse qui conseille les pays en développement sur les grandes questions commerciales, « une décision judiciaire favorable au Brésil ne forcera pas nécessairement les États-Unis à modifier leur politique de soutien dans le secteur du coton. En effet, ni le Brésil ni les pays africains n’ont le poids économique qui leur permettrait de brandir l’arme de rétorsion, comme l’Europe l’a fait contre Washington pour l’acier. » En fait, les États-Unis pourraient essayer de s’arranger avec Brasília en lui proposant des concessions sur d’autres produits d’exportation. Dans tous les cas, la condamnation des subventions cotonnières américaines – et par extension européennes – conforterait la position brésilienne et africaine dans les négociations multilatérales sur l’agriculture.
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