Vers un axe lusophone

Publié le 10 mai 2004 Lecture : 2 minutes.

« Afrique : nouveau millénaire, nouveaux défis, nouveaux espoirs. » Tel était le thème de la première Journée de l’Afrique à Lisbonne, le 4 mai. Organisée par l’ambassade d’Angola avec le concours de la communauté des ambassadeurs africains au Portugal, cette manifestation vise à devenir une tribune de réflexion de haut niveau. Son objectif : analyser les moyens d’assurer le développement durable. En filigrane, renforcer la coopération entre les pays africains lusophones et leur ancien colonisateur.
L’aréopage appelé à s’exprimer s’est révélé à la hauteur des ambitions de l’Angola puisque les débats se sont ouverts sur l’intervention de Joachim Chissano, chef de l’État mozambicain et président en exercice de l’Union africaine (UA), en visite de travail à Lisbonne depuis la veille, suivi par son hôte, le Premier ministre portugais José Manuel Durão Barroso.

Se sont ensuite succédé à la tribune João Bosco Mota Amaral, président de l’Assemblée nationale portugaise, Lopo Fortunato do Nascimento, ancien Premier ministre angolais, aujourd’hui député et directeur exécutif adjoint de la Commission économique pour l’Afrique aux Nations unies, et Noureini Tidjani Serpos, directeur adjoint de l’Unesco.

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À la triple question posée, il est apparu qu’une solution commune existait déjà : le Nepad (Nouveau Partenariat pour le développement de l’Afrique ). Comme l’a rappelé Joachim Chissano, « nous devons nous engager dans ce plan Marshall pour l’Afrique qui, grâce à l’aide du G8, va nous permettre de lutter contre le terrorisme, de contrôler l’émigration, de créer des climats propices à l’investissement au moyen de grands travaux d’infrastructures. Ainsi, les peuples seront maîtres du terrain et de leurs décisions ».
Une façon discrète de dire que sans bonne gouvernance, il ne peut y avoir de progrès. Indirectement, c’est aussi un satisfecit que s’adresse à lui-même le président du Mozambique, au pouvoir depuis 1986, réélu en 1994 puis en 1999 pour un second et dernier mandat. Contrairement à quelques-uns de ses pairs, il a décidé de ne pas modifier la Constitution et ne se représentera pas à l’élection présidentielle de décembre 2004.
Face à ces réflexions, les Portugais se sont montrés incitatifs par la voix de Barroso : « L’Europe a remplacé ses empires dominateurs par une communauté où les responsabilités sont partagées. L’Afrique possède la même capacité à reconstruire son propre monde, et nous l’aiderons à poursuivre cet objectif stratégique pour l’avenir. Mais elle est trop dépendante de ses matières premières et doit chercher de nouveaux domaines pour développer ses économies. » Soucieux de ne pas se faire taxer de néocolonialisme, Mota Amaral a tenu à rappeler que son pays « ne veut donner de leçon à quiconque, mais nous parlons d’expérience car nous avons connu aussi la dictature ». Il a mis en relief, comme l’Angolais Lopo do Nascimento après lui, la nécessité d’une coopération renforcée entre l’UA et l’Union européenne, dont le Portugal serait le go-between, le messager et porte-parole.

Bien qu’ils ne soient que cinq, les pays lusophones entendent tenir une place non négligeable dans les institutions qui se mettent en place actuellement au sein de l’UA : Parlement panafricain, Conseil économique, social et culturel (CESC) et Conseil pour la paix et la sécurité. Fiers de leur nation nouvellement pacifiée, les Angolais ont montré, par cette Journée portugaise de l’Afrique, leur désir d’acquérir aujourd’hui une plus grande visibilité sur la scène internationale.

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