Africa 2020 : six expositions à ne pas manquer dans le Nord de la France
Décalée pour cause de pandémie, la Saison Africa 2020 bat désormais son plein en France. Jeune Afrique a sélectionné six expositions à contempler de Nantes à Roubaix.
• Promenades en « Ville cruelle » à Rouen
La métropole de Rouen invite à (re)découvrir l’œuvre culte de Mongo Beti, alias Eza Boto, publiée en 1954. Conçue comme un laboratoire de réflexion autour des concepts d’identité et de mémoire chers à ce fervent militant contre le colonialisme, « La Clairière d’Eza Boto » offre un itinéraire d’expositions situées dans plusieurs lieux, de l’Orangerie au Musée des beaux-arts en passant par Le Secq des Tournelles. Et se referme aux lycées Fustel de Coulanges et Pierre Corneille, où l’agrégé de lettres classiques enseigna. Une immersion littéraire et artistique liée à l’exil de l’écrivain camerounais, qui vécut à Rouen pendant près de trente ans.
« La Clairière d’Eza Boto » se tient jusqu’au 19 septembre à Rouen. Plus d’infos sur laclairieredezaboto.com
• Continent connecté à Nantes
Imaginer l’Afrique de demain, l’une des quêtes majeures de l’art contemporain du continent. Pour renouveler l’exercice et voir au-delà de l’afrofuturisme, la Franco-Sénégalaise Oulimata Gueye, commissaire de l’exposition « L’Université des futurs africains », a fait appel à des artistes-chercheurs. Boom de l’usage du mobile et des technologies, questions écologiques, soin, luttes pour l’émancipation… C’est en ancrant leur réflexion dans le présent que ces « histo-futuristes » – comme ils aiment se définir – dessinent les contours d’un continent non pas fantasmé, mais connecté aux enjeux contemporains.
« L’Université des futurs africains » se déroule au Lieu unique, à Nantes, jusqu’au 29 août. Plus d’infos sur lelieuunique.com
• Les Noirs du Nord à Tourcoing
Témoigner de la présence des populations noires en Afrique du Nord en évitant l’écueil strictement migratoire, telle est l’ambition de l’exposition « Mon ami n’est pas d’ici », présentée à l’Institut du monde arabe de Tourcoing. C’est aussi à travers la problématique, moins exploitée, des expatriés subsahariens vivant, travaillant ou étudiant dans cette partie du continent, que huit jeunes photographes venus d’Égypte, de Libye ou encore d’Algérie rendent compte du lien qui existe entre les populations du nord et du sud du continent.
« Les raisons [de la migration] sont beaucoup plus larges que ce que l’on peut imaginer, glisse le photographe franco-algérien Bruno Boudjelal, porteur du projet. Mais il n’était pas si facile de trouver des artistes qui travaillent sur cette thématique. Ces questions post-coloniales peuvent aussi être posées pas d’autres acteurs que les intellectuels. »
« Mon ami n’est pas d’ici » est visible jusqu’au 22 août à l’Institut du monde arabe de Tourcoing. Plus d’infos sur ima-tourcoing.fr
• Fête et politique à Metz
Metz se met à l’heure africaine avec « Kuya Kwetu » (« bienvenue chez nous », en swahili), un cycle pluridisciplinaire imaginé pour Passages Transfestival en collaboration avec le Ishyo Arts Centre de Kigali, au Rwanda. Une invitation à découvrir l’histoire et les conflits de plusieurs pays du continent à travers six spectacles vivants.
Au programme, We call it love, une pièce sur la question du pardon au lendemain du génocide des Tutsi du Rwanda écrite par Felwine Sarr, ou encore Congo Jazz Band, le voyage d’une troupe de musiciens à Kinshasa. La musique sera aussi au rendez-vous avec les mélopées jazzy insufflées en lingala et lari par Mini Ouenzé, qui chante sur la difficulté de grandir dans les années 1990 au Congo, alors touché par la guerre.
Le Passages Transfestival se tient dans l’Espace Bernard-Marie Koltès, théâtre du Saulcy, du 28 juin au 3 juillet, à Metz. Plus d’infos sur passages-transfestival.fr
• L’Afrique à flots tendus à Brest
À travers le thème de la mer, deux tragédies du siècle sont abordées dans une exposition présentée au Centre d’art contemporain Passerelle de Brest. Une petite dizaine d’artistes issus de pays côtiers africains interrogent ainsi les thèmes de la pollution de l’eau et de la gestion des déchets en plastique qui menacent la biodiversité, ou de la traversée sur des embarcations de fortune.
D’un côté, des acteurs du changement qui repensent la création de manière responsable. De l’autre, des peintres et sculpteurs qui rendent compte de la réalité ou puisent dans les mythologies africaines, comme celle de la sirène Mami Wata.
« Là où est la mer… » est à découvrir jusqu’au 11 septembre à Brest. Plus d’infos sur cac-passerelle.com
• L’avant-garde ghanéenne à Roubaix
La jeune garde de la création ghanéenne investit les 10 000 m2 de l’imposant bâtiment industriel de la Condition publique de Roubaix. Et en revisite tous les espaces ou presque. La verrière vibre ainsi aux sons d’ondes émises par 112 machines à coudre collectées au Ghana, une œuvre conçue par le plasticien Ibrahim Mahama. L’une des halles se voit quant à elle réaménagée en skate park aux couleurs acidulées sous la houlette du designer Yinka Ilori. Les murs du jardin s’habillent d’une fresque réalisée par le graffeur sud-africain Breeze Yoko. Tandis que d’impressionnantes tapisseries confectionnées à partir de bidons en plastique signées Serge Attukwei Clottey seront réalisées in situ.
Le site projettera également une série suivant les pérégrinations arty d’un jeune créatif évoluant aux côtés des talents de la diaspora, ainsi qu’une expérience entre art urbain et mode sur fond de DJ sets. Autant de projets qui témoignent de l’énergie créative de la jeunesse ghanéenne.
Rendez-vous au quartier général de la Condition publique, à Roubaix, jusqu’au 25 juillet. Plus d’infos sur laconditionpublique.com
Découvrir l’intégralité du programme de la saison Africa 2020 sur le site de la Saison.
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