Crime d’Etat ?

Une enquête de l’ONU met directement en cause le pouvoir dans la répression sanglante des 25 et 26 mars à Abidjan.

Publié le 11 mai 2004 Lecture : 2 minutes.

Remis à Kofi Annan le 29 avril, le rapport des Nations unies sur les folles journées des 25 et 26 mars qui ont endeuillé Abidjan a provoqué la colère du président Gbagbo et de ses partisans. Ils réclament une enquête (et des sanctions) sur la fuite dont le document a fait l’objet et parlent de « machination », de « mission de l’ONU dévoyée », de « montage grotesque de fausses preuves »… Le travail des trois enquêteurs onusiens sur le terrain près de deux semaines durant est mis au pilori. Leur impartialité stigmatisée. De fait, leurs conclusions font froid dans le dos et pourraient gravement écorner l’image du régime, directement pointé du doigt.
Davantage que ceux de juillet 2001 sur les 57 morts du charnier de Yopougon ou celui de la fin janvier 2003 sur les « escadrons de la mort », ce rapport intervient au moment où la donne politique, qui a connu bien des avatars et dans laquelle le président Gbagbo a pu jusqu’ici donner sa pleine mesure, semble totalement bloquée. Les acteurs de la crise, près de vingt mois après son éclatement le 19 septembre 2002, continuent de jouer au poker menteur, à la stratégie de la tension permanente. L’attelage du gouvernement de réconciliation nationale né des accords de Marcoussis en janvier 2003 avance à hue et à dia. Les volte-face des uns et la surenchère des autres menacent de déboucher sur une rupture préjudiciable à la Côte d’Ivoire et à l’ensemble de la sous-région.
De conclaves en palabres, de rencontres en sommets, d’espoirs en déceptions, la communauté internationale commence à douter de la volonté de paix de ses interlocuteurs ivoiriens. La lassitude menace. Ce rapport en est l’illustration, qui va sans doute beaucoup plus loin que tous les autres dans la condamnation des manquements à l’État de droit, dans l’installation du règne de l’impunité. Un véritable réquisitoire contre le comportement de certains éléments des forces de défense et de sécurité ainsi que des milices parallèles promptes à voler au secours d’un régime qui n’en demandait peut-être pas tant. Et qui est aujourd’hui fermement invité à revoir son comportement et à faire le ménage dans ses écuries. La Côte d’Ivoire mérite bien plus que ce coup de balai.

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

Contenus partenaires