Bush : l’obsession du secret

Publié le 10 mai 2004 Lecture : 2 minutes.

Plan d’attaque, de Bob Woodward, qui raconte comment l’équipe Bush a préparé la guerre contre l’Irak, s’est immédiatement installé en tête de la liste des best-sellers.
Le journaliste, qui, au tournant des années 1970, avait, avec la complicité de Carl Bernstein, levé le voile sur le scandale du Watergate, a depuis publié des enquêtes semi-autorisées sur les processus de décision des administrations Bush I, Clinton et Bush II, ainsi qu’une histoire un peu moins bien informée sur la Réserve fédérale sous Alan Greenspan. Nourri par un accès auprès des plus hauts responsables sur lequel ses confrères ne peuvent que fantasmer, son dernier ouvrage regorge à nouveau de détails sur les mécanismes de pensée des protagonistes et de comptes-rendus textuels de conversation.

Parmi les révélations de ce dernier ouvrage, on peut citer : 700 millions de dollars détournés de la guerre en Afghanistan pour financer les préparatifs en Irak ; l’exclusion apparente du secrétaire d’État Colin Powell du processus de décision qui devait entraîner les États-Unis dans une guerre fortement controversée ; et le rôle central apparemment joué par le prince Bandar, l’ambassadeur d’Arabie saoudite à Washington. Toutes informations qui ne manquent pas d’intérêt en année électorale.
Mais c’est ce que de multiples analyses et descriptions détaillées des activités de l’actuelle administration nous révèlent sur la façon dont gouverne George W. Bush qui est peut-être le plus révélateur.
Dès le départ, Bush a imposé des limites drastiques à la circulation de l’information, comme aucune administration ne l’avait fait depuis des années. Son refus d’informer a été obsessionnel – non seulement quand il s’agissait de journalistes mal vus et jugés indignes de confiance, mais aussi de commissions parlementaires, d’enquêtes indépendantes ou même de tribunaux. À tous les niveaux, ses collaborateurs avaient signé un pacte d’omerta qui les menaçait implicitement d’ostracisme au moindre soupçon de confession publique.

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Dans ces conditions, il est inévitable que la vérité ait trouvé d’autres moyens de se faire jour dans une culture aussi ouverte que celle de l’Amérique. Dans tout le pays, les rayons des libraires croulent sous les livres qui disent tout sur cette administration qui ne dit rien. L’enquête semi-officielle de Woodward rejoint aujourd’hui l’ouvrage de Richard Clarke, le chef du contre-terrorisme de Bush, et celui de Paul O’Neill, l’ancien secrétaire au Trésor, qui proposent l’un et l’autre un portrait très peu flatteur du président actuel.
La culture du secret n’est pas le meilleur moyen de faire de la bonne politique. Peut-être que si l’on avait fait en temps utile un peu plus de lumière sur le processus de décision concernant l’Irak, on aurait pu éviter certaines des erreurs de ces deux dernières années.

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