Autopsie sans bistouri

La technologie permet désormais d’obtenir des informations précises sur la cause d’un décès en évitant de disséquer le cadavre.

Publié le 11 mai 2004 Lecture : 2 minutes.

L’autopsie virtuelle est désormais à portée de main… et donc hors de portée des scalpels et autres bistouris. Depuis neuf ans, l’équipe de chercheurs de l’institut de médecine légale de l’université de Berne, en Suisse, tente de fusionner les deux compétences médicales que sont la radiologie et l’examen anatomique. Objectif : obtenir les informations sur la cause du décès tout en évitant de disséquer le cadavre.
Cette nouvelle technique, baptisée Virtopsy, soulage ainsi les proches du défunt que l’idée même d’une autopsie bouleverse. Sans compter que certains cultes – orthodoxe, juif et musulman – déconseillent, voire interdisent, cette pratique. L’université médico-légale de Berne a ainsi constaté qu’aujourd’hui 10 % seulement des décès font l’objet d’une autopsie, contre 50 % il y a 15 ans ! « Dans une société où la mort est encore taboue, sans doute les gens sont-ils traumatisés par les images, très crues, qu’ils voient dans les films », avance Michael Thali, le directeur de recherche du projet Virtopsy.
Les progrès scientifiques et techniques permettent alors d’envisager une solution alternative. « On a réalisé que l’autopsie virtuelle était possible il y a quelques années, quand nous avons examiné un cadavre dont nous avons reçu les radios quelques jours plus tard. Nous nous sommes rendu compte que les résultats de l’autopsie classique correspondaient parfaitement à ce que révélaient les images médicales », explique Michael Thali. À l’époque, les espoirs du jeune chercheur sont loin de faire l’unanimité. « On me traitait de fou », avoue-t-il aujourd’hui en souriant.
Dans un premier temps, l’équipe bernoise s’attelle à parfaire la technologie permettant de scanner la surface du corps et de la reproduire en trois dimensions. Puis, elle parvient à s’insérer – virtuellement – et à se déplacer à l’intérieur du corps humain. Et ce grâce à la combinaison des techniques d’imagerie par résonance magnétique (IRM) et de tomographie à rayons X assistée par ordinateur.
Outre l’évitement de la chirurgie effractive, Virtopsy présente l’avantage de pouvoir stocker les informations, sur un CD par exemple, ce qui permet, en cas de doute, un réexamen, une sorte de deuxième autopsie que la procédure classique rend impossible. « Un corps disséqué une fois ne peut l’être deux fois. L’autopsie actuelle brouille en fait les pistes de manière définitive », explique Michael Thali.
Malgré la centaine d’autopsies virtuelles réalisées avec succès par l’équipe suisse, la technique Virtopsy n’est pas encore complètement au point. « On peut presque tout détecter sauf l’état du système vasculaire, ou encore les inflammations, visibles grâce à la couleur de l’organe », admet le chercheur avant d’ajouter : « Virtopsy est un projet de recherche. Autrement dit, il faut l’améliorer avant de pouvoir présenter ses résultats devant une juridiction en guise de preuves irréfutables. » Le scalpel traditionnel a donc encore quelques belles années d’exercice avant d’être relégué au musée des outils.

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