Gabon : les auteurs du vrai-faux coup d’État échappent à la perpétuité
Le ministère public avait requis la perpétuité pour Kelly Ondo Obiang et ses co-accusés qui ont finalement écopé d’une peine de quinze ans d’emprisonnement et de 30 millions de F CFA d’amende.
Le procès des « pieds nickelés » de Libreville a finalement abouti ce 1er juillet à des peines moins lourdes que prévues par la loi gabonaise. Les juges étant partagés entre consternation et commisération, ils n’ont pas vraiment pris au sérieux la « tentative de coup d’État » du lieutenant Kelly Ondo et de ses comparses, les adjudants Estimé Bidima Manongo et Dimitri Nze Minko.
Le 7 janvier 2019, ils avaient pourtant occupé le siège de la radio nationale, Radio Gabon, et lu un discours appelant les Gabonais à soutenir leur mutinerie pour « sauver » le pays du chaos, alors que le chef de l’État, Ali Bongo Ondimba, poursuivait sa convalescence suite à un accident vasculaire cérébral.
Ces trois militaires peu connus au sein de la troupe, n’avaient été suivis ni par les autres forces ni par la population. L’affaire s’était terminée en quelques heures, par la reddition des mutins. Devant les juges, la ligne de défense « sensationnaliste » de Kelly Ondo n’a pas davantage convaincu les juges : en effet, le plus gradé des accusés, mais aussi meneur du mouvement, a déclaré avoir pris les armes pour empêcher la commission d’un « vrai » coup d’État ourdi, selon lui, par Frédéric Bongo, le frère cadet du président gabonais, qui était à l’époque le patron de la Direction générale des services spéciaux de la Garde républicaine.
Personnalité trouble
Mais n’ayant produit aucun élément matériel pour soutenir ses affirmations, les juges ont rejeté la demande de ses avocats de faire témoigner Frédéric Bongo, mais aussi Étienne Massard Makaga, ministre de la Défense au moment des faits. « Les propos de Kelly Ondo Obiang nous ont semblé d’une étonnante naïveté », commente un avocat présent à l’audience. En effet, au-delà des faits, c’est la personnalité trouble de cet officier, commandant en second de la garde d’honneur – une unité de parade – de la Garde républicaine, qui pourrait expliquer la relative clémence de la cour.
Après cinq jours de débats, la Cour spéciale militaire a rendu son verdict. Accusé de délits d’association de malfaiteurs, séquestration arbitraire et atteinte à la sûreté intérieure de l’État, l’instigateur du putsch a écopé de quinze ans de prison au lieu de la perpétuité demandée par le procureur et par l’avocat de l’État. En sus de sa radiation de l’armée, il devra également s’acquitter d’une amende de 31 millions de F CFA. Un autre militaire de la Garde républicaine, qui s’était désolidarisé de la mutinerie au cours de l’occupation de la maison de la radio a été acquitté. Pour leur part, les cinq gendarmes qui assuraient la surveillance à Radio Gabon le soir du coup d’État manqué ont été acquittés.
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