Métaux : flambée historique

Publié le 10 avril 2006 Lecture : 2 minutes.

Plusieurs métaux de base enchaînent les records. Le chiffre qui résume le mieux l’ampleur du long cycle haussier des cours des non-ferreux est celui de leur principal indice spécialisé, le London Metal Exchange Index (LME), qui a été multiplié par près de trois depuis son dernier plus bas, le 7 novembre 2001.
Cuivre et zinc mènent actuellement la danse. Le métal rouge, plus réactif, a franchi, le 31 mars, pour la première fois depuis qu’il est coté, la barre symbolique des 5 500 dollars la tonne pour son contrat à trois mois listé à Londres par le LME. Le zinc, aussi à son sommet historique, a poursuivi son mouvement d’approche des 2 700 dollars la tonne en inscrivant la plus forte progression trimestrielle depuis dix-sept ans, de l’ordre de 40 %. « Le marché du zinc est structurellement sous-approvisionné en raison d’un sous-investissement chronique dans de nouvelles capacités minières », résument les analystes chez Morgan Stanley. Pour eux, à courte échéance, les fondamentaux très robustes justifient des hausses ultérieures en 2006 et 2007.

Pour le cuivre, ce sont des réserves extraordinairement faibles qui soutiennent les cours. Morgan Stanley craint qu’avant la fin de l’année les stocks totaux ne représentent qu’une semaine de la consommation mondiale. Le rebond de la demande globale, partiellement assuré par la reconstitution des réserves des utilisateurs industriels de ce non-ferreux, va laisser ce marché dans le déficit en 2006. En 2007, les termes devraient se rééquilibrer quelque peu, se soldant par un minuscule surplus de 15 000 tonnes. Et ce, en dépit d’une augmentation considérable de l’offre (+ 6,3 %, contre une moyenne annuelle de + 3 % depuis 1960). D’ici là, les prix seront à la merci d’arrêts intempestifs dans les mines, faisant craindre des pénuries récurrentes.

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Outre ces facteurs fondamentaux, il convient de souligner le rôle grandissant occupé par les arbitragistes dans la détermination des prix. La question de l’apparition d’une bulle spéculative sur plusieurs marchés des métaux de base est posée. Il est vrai que la spéculation prend des positions sur les métaux pour des raisons qui n’ont pas toujours de relation étroite avec les termes du marché physique. « Les trois moteurs clés de l’orientation des prix des métaux sont le dollar, les évolutions des stocks et ce que nous pourrions définir comme les stimulants financiers à investir, qui sont à leur tour définis par la relation à trois entre les taux d’intérêt, la backwardation (l’échéance rapprochée est plus chère que celle éloignée) et ses conséquences sur les frais de portage », détaille Jon Bergtheil, expert chez JP Morgan. Tout repli sensible de la devise américaine influence les mouvements de prix des métaux à hauteur d’environ 50 % à 60 %, juge-t-il.
Toutefois, en dépit des agissements opportunistes de la spéculation, les termes réels de marché gardent une place de choix dans la fixation des cours. Les évolutions des cours du nickel et de l’aluminium sont nettement moins enthousiasmantes que celles des deux têtes de file actuelles. « Les fondamentaux des métaux autres que le zinc et le cuivre ne sont pas aussi robustes », estime Robin Bahr, chez UBS. Même les fonds d’investissement ont dû en tenir compte, ce qui s’est manifesté par un intérêt modéré de leur part pour les non-ferreux aux termes de marché moins solides.

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