Les Africains se concertent à Alger

Publié le 10 avril 2006 Lecture : 2 minutes.

Conformément à une décision du sommet de Khartoum, le 23 janvier, des experts représentant les cinquante-trois États membres de l’Union africaine se sont réunis à Alger du 3 au 5 avril. L’objectif de la rencontre était double. D’abord, mettre au point une « feuille de route » sur la question de l’immigration clandestine, qui sera soumise aux Européens lors de la réunion ministérielle UA-UE du 6 juin à Tripoli. Ensuite, définir une position commune dans la perspective de l’Assemblée générale de l’ONU, au mois de septembre, qui abordera notamment la question des migrations internationales.
« Si la tendance actuelle perdure, un Africain sur dix sera un migrant en 2025 », a estimé Mohamed Bedjaoui, le chef de la diplomatie algérienne, en ouvrant les travaux des experts. D’où la nécessité absolue d’aborder le problème au niveau continental. D’autant que le pays d’accueil n’est pas toujours situé en Europe. Dix-sept millions de migrants, soit plus de 2 % de la population totale du continent, résident dans un pays africain qui n’est pas le leur. À Tamanrasset, dans le Sud algérien, 47 nationalités, dont 44 africaines, sont ainsi représentées.
Dans son discours, le Malien Alpha Oumar Konaré, qui préside la Commission de l’UA, a vivement critiqué les politiques d’« immigration choisie » mises en place par un nombre croissant de pays européens. « Chaque année, a-t-il déploré, plus de vingt-cinq mille diplômés quittent le continent. Plus de 4 millions d’Africains diplômés sont installés en Europe, et autant sur les autres continents. »
Selon la Conférence des Nations unies sur le Commerce et le développement (Cnuced), l’arrivée d’un diplômé étranger se traduit par une économie de 184 000 dollars pour le pays d’accueil. Dans le même temps, le coût des coopérants techniques et des expatriés auxquels l’Afrique est contrainte de faire appel est annuellement de 4 milliards de dollars, selon les estimations de la Commission de l’UA. Konaré n’hésite pas à comparer cette « traite des cerveaux » à celle des esclaves aux XVIIe et XVIIIe siècles.
À l’issue de la réunion d’Alger, un plan d’action aux niveaux national, régional et continental a été mis au point. En revanche, aucun consensus n’a pu être trouvé concernant les centres de transit exigés par les Européens. « On ne peut contraindre les Africains à jouer les gendarmes », s’est insurgé Konaré, qui déplore que les Européens n’acceptent d’envisager la question des migrations que sous l’angle de la sécurité. Alors qu’elle devrait l’être « dans sa globalité », comme l’a expliqué Abdelkader Messahel, le ministre délégué algérien chargé des Affaires africaines et maghrébines, qui présidait la réunion.

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