La volonté d’entreprendre n’a pas de frontières

Il avait le bon produit, son succès en témoigne. Mais cela ne suffit pas pour durer, ni obtenir la confiance de partenaires internationaux. Le secret ? Une gestion moderne du personnel.

Publié le 10 avril 2006 Lecture : 2 minutes.

Les idées les plus simples sont parfois les meilleures. Le Béninois Régis Facia a réussi en jouant les facteurs. C’est du moins ce que ses parents inquiets ont pensé lorsque, directeur commercial d’une entreprise de bureautique à Cotonou, il décide de démissionner pour créer sa propre affaire. Jeune diplômé de l’École supérieure de commerce de Grenoble, doté d’un master de marketing obtenu en Grande-Bretagne, il souhaite mettre en place un service de distribution rapide de courrier dans son pays. Il a remarqué que les entreprises de la capitale économique, comme les banques ou les cabinets d’avocat, doivent utiliser leurs propres véhicules pour livrer à temps les plis urgents. Il se propose d’être leur sous-traitant.
Comme ses parents, les banquiers trouvent son idée farfelue. Persuadé que la place est à prendre, Régis Facia finit par réunir 24 000 francs français (3 600 euros). Il crée Topchrono en 1995. Il a tout juste 30 ans. Les débuts sont difficiles, mais il y croit. Tout comme Sylvie, son épouse. La famille donne un nouveau coup de pouce. Steve Facia, son frère, est un animateur de télévision populaire au Bénin. Il accepte de prêter son image à Topchrono dans un spot publicitaire. L’effet est immédiat : « On a gagné une grande crédibilité, se souvient le chef d’entreprise. Pour être identifié dans le paysage béninois, Topchrono a besoin d’une image cohérente. Logo, musique, uniforme pour les facteurs à mobylette Tout cela doit incarner le professionnalisme de l’entreprise. »
Ce savoir-faire aurait-il convaincu le groupe de transit Saga, propriété de Bolloré, de faire confiance à Topchrono ? La société possède un portefeuille de clients internationaux d’une activité de courrier express qu’elle juge un peu éloignée de son cur de métier. Elle propose de le mettre à la disposition de Topchrono moyennant un partage des recettes. Nous sommes en 1997. Régis Facia peut rapidement se lancer hors des frontières en utilisant le réseau de son nouveau partenaire. Quelques années plus tard, nouvel accord avec Sodexi, une filiale d’Air France spécialisée dans l’affrètement des ?avions, qui accepte de transporter les plis de Topchrono. L’avantage est de taille, puisque le client peut suivre son colis à la trace. « Ce qui nous a permis de jouer dans la cour des grands, à côté des DHL et des UPS », indique Régis Facia.
Aujourd’hui, Topchrono est présent au Togo et au Burkina. Grâce à un manuel de procédure élaboré dès les premiers jours, les nouvelles recrues apprennent rapidement les méthodes de la maison. Tout le personnel sera bientôt installé dans un nouveau siège à Cotonou. Régis Facia a essayé, mais en vain, de pénétrer le marché sénégalais. De peur que le DHL béninois concurrence la Poste nationale, il lui fallait accepter que l’État soit actionnaire à 51 %. Et pourquoi pas le Niger et le Ghana ? Le Nigeria, marché immense et complexe, certainement pas. Topchrono a beau traiter 30 000 courriers par mois, son patron connaît ses limites.

1990 Diplôme de l’École supérieure de commerce de Grenoble, suivi d’un master en marketing au pays de Galles.
1995 Fonde Topchrono, dont il est toujours PDG
1997 Partenariat avec Saga, du groupe Bolloré, puis avec Sodexi, filiale d’Air France, l’année suivante
2006 30 000 courriers par mois, 105 employés

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