Des colonies au prix fort

Les implantations israéliennes en « Judée Samarie » ont coûté 14 milliards de dollars depuis le début de l’occupation, en 1967.

Publié le 10 avril 2006 Lecture : 3 minutes.

On a dépensé plus de 14 milliards de dollars pour construire des logements dans les colonies de Cisjordanie depuis le début de l’occupation israélienne en 1967, indique un rapport remis en février à Ehoud Olmert, alors Premier ministre intérimaire. Cette étude, qui est l’uvre de l’Institut israélien de recherche économique et sociale, est la plus approfondie jamais menée. L’Institut relève également que les colons bénéficient de subventions beaucoup plus importantes que les autres Israéliens.
L’Institut, qui est indépendant et auquel les sources officielles ont fermé leurs portes, s’est appuyé en partie sur des photos satellites pour dresser l’inventaire de plus d’une centaine de colonies où vivent 250 000 personnes. « Les informations dont dispose le gouvernement sur la Cisjordanie et Gaza sont sporadiques, indique le rapport. Il est donc difficile d’en retrouver la trace, de les recueillir et de les présenter. »
Même son de cloche chez Talia Sasson, une avocate officiellement chargée, l’an dernier, d’une enquête sur l’utilisation illégale de fonds publics pour la création de postes avancés non autorisés en Cisjordanie.
Le coût des colonies est un sujet sensible, étant donné les rumeurs selon lesquelles le nouveau gouvernement dirigé par Olmert pourrait décider de nouvelles évacuations, après celles de Gaza et d’une partie de la Cisjordanie, l’an dernier. Ces opérations, qui portaient sur vingt-cinq colonies, ont coûté 2 milliards de dollars, soit 2 % du produit intérieur brut national, indemnités comprises.
Les colons ont également refusé de coopérer avec les chercheurs de l’Institut : ils craignent que cette étude ne soit utilisée pour préparer de futures évacuations. « Nous voulions faire un inventaire solide sur lequel pourraient s’appuyer ceux qui auraient à prendre des décisions dans un sens ou dans l’autre, explique Roby Nathanson, responsable de la rédaction du rapport. Nous aimerions bien savoir pourquoi le gouvernement israélien ne publie pas lui-même ces informations. »
L’estimation de 14,12 milliards de dollars ne représente que la valeur foncière des bâtiments construits en Cisjordanie, pas leur valeur sur le marché. La même formule a été utilisée pour calculer les indemnités versées l’an dernier aux colons. Ce montant n’inclut pas les dépenses engagées pour l’éducation, la protection sociale ou d’autres services publics, ni le coût militaire de la défense des colonies.
Le rapport a noté, d’autre part, que le gouvernement avait financé 62,1 % des budgets des municipalités des colonies, soit 20 % de plus que ce qui a été alloué aux municipalités en Israël même. Ces subventions ne représentent d’ailleurs pas la totalité des dépenses gouvernementales dans ces territoires. « En effet, écrit le rapport, les colonies ont d’autres revenus, qui leur arrivent par de nombreux canaux clandestins, dont on cache l’existence pour des raisons politiques. »
Le coût des colonies reste un sujet brûlant. Fort de ses bons résultats aux législatives du 28 mars, le Parti travailliste devrait réclamer une réduction des investissements en Cisjordanie et un transfert de l’argent à des régions israéliennes qui ont elles-mêmes besoin d’aide. Bien que toutes les colonies des territoires occupés soient considérées comme illégales en droit international, il existe en Israël un consensus politique sur le fait que l’État hébreu doit garder les principaux blocs de colonies qui se trouvent à l’ouest du mur de séparation avec la Cisjordanie dans tout règlement final avec les Palestiniens.
Lors d’une inspection de la barrière de sécurité, le 7 février, Ehoud Olmert a souligné que les deux principaux blocs situés à proximité de Jérusalem, Maale Adoumim et Goush Etzion, étaient « une partie inséparable d’Israël ».
La Paix maintenant, un groupe de pression israélien, a indiqué, dans la foulée, que les travaux de construction dans les principaux blocs s’étaient accélérés en 2005. Le nombre de colons évacués a été de 9 000, mais 12 000 personnes ont été s’installer en Cisjordanie. Le taux d’accroissement annuel de la population a été de 5,5 % dans les colonies, contre 1,8 % pour la population israélienne dans son ensemble.

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