Que veut Muanda Nsemi ?

Le député et chef spirituel du BDK, accusé d’être à l’origine des violences qui ont secoué l’ouest du pays, se dit investi d’une mission : restaurer l’ancien royaume de Kongo.

Publié le 10 mars 2008 Lecture : 2 minutes.

Depuis la fin du mois de février, la province du Bas-Congo (Ouest), l’unique façade maritime du pays, est en proie à une nouvelle flambée de violences. À l’origine de la tension, des exécutions sommaires attribuées par le gouvernement aux membres du mouvement politico-religieux Bundu dia Kongo (BDK). Résultat, une intervention des forces de l’ordre venues en renfort de Kinshasa et dont le manque de sang-froid a été condamné – grande première – par Simon Mbatshi Batshia, gouverneur du Bas-Congo. Et une querelle sur le nombre réel de tués. Début 2007, une précédente répression avait coûté la vie à environ 134 personnes.
La crise qui secoue actuellement la province met surtout en évidence le rôle qu’y joue Ne Muanda Nsemi, le leader du BDK. Personnage énigmatique, ce chimiste de formation, dont on ne connaît pas l’âge exact, se veut l’héritier spirituel de Simon Kimbangu – ce prédicateur dont l’action a conduit à la naissance de l’Église kimbanguiste – et politique de Joseph Kasa-Vubu, premier président de l’actuelle République démocratique du Congo (RDC), de 1960 à 1965. Tout en se disant proche des thèses du professeur sénégalais Cheikh Anta Diop. Si Muanda Nsemi ne se considère pas comme un prophète, mais plutôt comme « le grand maître de la sagesse kongo », il reste toutefois persuadé qu’il est venu sur terre pour accomplir une mission divine : ramener son peuple à ses croyances millénaires. Et recomposer l’ancien royaume de Kongo émietté entre les deux Congos, le sud du Gabon et l’Angola.
Sans chercher l’éclatement de son pays, Muanda Nsemi, député à l’Assemblée nationale – il avait obtenu quelque 100 000 voix aux législatives de 2006 dans son fief de Luozi -, milite pour une république fédérale avec un Bas-Congo autonome. Selon lui, sa région est maltraitée parce que tous les emplois y sont occupés par des Congolais « venus d’ailleurs ». Traduction : le Bas-Congo aux Kongos. « Une philosophie du rejet de l’autre », commente Déo Nkusu, vice-gouverneur de la province. Les partisans de Muanda Nsemi n’ont pas hésité à remplacer les fonctionnaires originaires d’autres provinces par « des enfants du pays ». Pour Jean-Claude Vuemba, député proche du chef du BDK, ce mouvement « a tendance à vouloir exercer les prérogatives de l’État », mais « il revendique tout haut ce que tous les autochtones du Bas-Congo pensent tout bas ».

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