Pourquoi on n’arrêtera plus l’inflation

Tant que la hausse des prix ne concernait que l’énergie, l’économie mondiale est demeurée étonnamment stable. Maintenant que les produits agricoles ont rejoint le mouvement depuis deux ans, l’inflation est repartie à une telle cadence qu’on ne l’arrêtera plus, car quatre forces sont à l’uvre, qui ne faibliront pas de sitôt.

La demande des pays émergents est nourrie par une croissance comprise entre 5 % et 10 % pendant plusieurs années. La Chine, l’Inde et le Brésil consomment de plus en plus de produits nouveaux, sophistiqués (chocolat, yaourts, alliages, chimie fine) et donc onéreux. Leur appétit en matières premières est insatiable.

L’offre ne pourra pas répondre du jour au lendemain à cette vigoureuse demande des pays émergents. Pour exploiter un gisement, il faut au moins 10 milliards de dollars et dix ans d’études, de négociations et de travaux avant que cela produise du gaz, du cuivre ou du fer. Pour développer les surfaces cultivées et améliorer la productivité agricole – longtemps délaissée en Afrique -, il faudra pas moins d’une génération avant d’atteindre des augmentations significatives des volumes de céréales ou de cultures de rente.

L’effet dit « du second tour ». Par cette expression technique, les spécialistes de la macroéconomie désignent les demandes d’augmentations de rémunérations que la hausse des prix suscite chez les différents acteurs et qui risquent d’enclencher une nouvelle spirale inflationniste. Deux exemples prouvent que le mouvement a débuté : en Allemagne, les cheminots ont obtenu une hausse de salaire de 11 % en janvier ; dans la province chinoise du Guangdong, le salaire minimum a été augmenté de 13 % fin février, des poussées inconnues depuis un quart de siècle.

La spéculation. Les fonds de pension ou d’investissements disposent de dizaines de milliards de dollars et choisissent de les placer en priorité dans les secteurs où les chances d’augmentation des prix sont les plus grandescar cela les protège contre l’inflation. En se portant massivement sur l’or, le blé ou le pétrole, elles obtiendront ce qu’elles espèrent : une hausse des prix !