Indépendance de l’île Maurice

12 mars 1968

Publié le 10 mars 2008 Lecture : 2 minutes.

Après plusieurs siècles de domination hollandaise (1598-1710), française (1710-1810), puis britannique (depuis 1810), l’île Maurice acquiert son indépendance le 12 mars 1968. C’est l’aboutissement d’un long processus engagé, en septembre 1965, lors de la conférence constitutionnelle de Lancaster House, à l’issue de laquelle le secrétaire d’État aux Colonies, Anthony Greenwood, et le Premier ministre mauricien, Seewoosagur Ramgoolam, avaient signé un accord prévoyant le désengagement progressif des Britanniques dans l’île.
À minuit pile, le nouvel État rejoint le Commonwealth et reconnaît, de ce fait, l’autorité symbolique de la Couronne britannique. Ainsi, le premier chef de l’État de l’île indépendante n’est autre que la reine d’Angleterre Élisabeth II. À Port-Louis, la capitale, le drapeau national à quatre bandes (rouge, bleue, jaune et verte) remplace désormais l’Union Jack. Le rêve de Seewoosagur Ramgoolam, considéré comme le père de l’indépendance, s’est enfin réalisé. Mais la célébration de l’événement, qui partout ailleurs aurait donné lieu à des scènes de liesse, est boudée par une grande partie de la population. L’une des plus importantes formations politiques du pays, le Parti mauricien social-démocrate (PMSD) de Gaëtan Duval, boycotte même la cérémonie.

Depuis le début de l’année, l’île est en proie à de vives tensions communautaires. De violents affrontements entre indo-musulmans et créoles ont éclaté quelques semaines plus tôt, obligeant les autorités à proclamer l’état d’urgence, le 21 janvier. Bilan : 24 morts, 200 blessés et plus d’un millier d’arrestations. De fait, les Mauriciens sont divisés au sujet de l’indépendance. Depuis la conférence de Lancaster House, les dissensions n’ont cessé de s’accentuer. Représentant l’élite des planteurs francophones (14 000 personnes sur 773 000 habitants) ainsi qu’une grande partie de la population créole (210 000 personnes), le PMSD souhaite que Maurice reste rattachée à la Grande-Bretagne. En face, le Parti travailliste (PTr) de Seewoosagur Ramgoolam, qui rassemble la communauté hindoue, majoritaire dans le pays (395 000 personnes), milite de longue date pour une indépendance totale. Plus prudents, le Comité d’action musulman (CAM) et l’Independent Forward Block (IFB) attendent que Londres offre davantage de garanties en matière de sécurité avant de prendre position.
En échange de la séparation de l’archipel des Chagos du territoire mauricien et de son intégration dans un territoire britannique de l’océan Indien (ce qui permettra l’installation d’une base américaine sur l’île de Diego Garcia, dont les quelque 2 000 habitants seront expulsés), le PTr arrache finalement l’autodétermination nationale avec, en prime, la promesse d’un traité de défense incluant des questions de sécurité intérieure. Dès lors, le CAM rejoint le « parti de l’indépendance » de Seewoosagur Ramgoolam, qui, à l’issue des élections d’août 1967, remporte une confortable majorité (56 %). Un ralliement qui accentue du même coup les tensions entre créoles et indo-musulmans

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