Haro sur les « Frères »

Publié le 10 mars 2008 Lecture : 1 minute.

Entre ces deux grands mouvements de masse – les seuls en Égypte – que sont le Parti national démocratique (PND), du président Hosni Moubarak, et l’organisation des Frères musulmans, interdite depuis 1954, mais très présente sur la scène politique, les relations ont toujours oscillé entre tolérance, par temps calme, et confrontation, à la veille ou pendant les rendez-vous électoraux.
Les municipales du 8 avril ne font pas exception à la règle. Le 4, vingt-six cadres, dont quatre membres du bureau politique de la confrérie (Mahmoud Ghozlan, Hamdi Ibrahim, Maged az-Zommor et Khair Abbas) ont été cueillis par la police à leur domicile, au Caire, pour rejoindre en prison quatre-vingts de leurs camarades arrêtés pour « appartenance à une organisation illégale ». Point commun : la plupart sont candidats, sous l’étiquette d’« indépendants », dans les provinces où les islamistes sont électoralement bien implantés.
Naturellement, l’enjeu de la consultation n’est pas seulement local. Moubarak, qui fêtera début mai ses 80 ans, n’envisage pas de quitter le pouvoir avant que tous les obstacles de nature à compromettre la mise en place de son successeur, très probablement son fils Gamal, aient été levés. Pour cela, il lui faut empêcher les islamistes d’entrer en masse dans les conseils municipaux. On se souvient peut-être que « l’ouverture » de 2005 leur avait permis d’arracher, toujours sous l’étiquette d’indépendants, ?88 des 454 sièges du Parlement.
S’il leur est interdit de présenter leur propre candidat à la présidentielle de 2001, les islamistes peuvent fort bien contribuer à ce qu’un concurrent de Gamal Moubarak obtienne les parrainages nécessaires (65 députés, 140 élus municipaux et 25 membres du Conseil consultatif) pour se présenter. S’ils parvenaient à entrer en nombre dans les conseils municipaux (leur ambition est de présenter des candidats dans 20 % des communes), ils auraient la possibilité de contester le contrôle des bureaux de vote, traditionnellement monopolisé par le parti au pouvoir, lors de la présidentielle, mais aussi des législatives de 2010.

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