Halte à « l’étain de la guerre »
Hitachi, Samsung, Matsushita ou encore Microsoft, tous les constructeurs de produits électroniques se mobilisent pour traquer « l’étain de la guerre ». L’expression désigne la production de la mine de Bisie, dans le Nord-Kivu, en RD Congo, contrôlée par les soldats rebelles de la 85e brigade de l’armée congolaise. Bisie aurait exporté 10 600 tonnes de minerai d’étain l’année dernière, soit 63 % du total exporté par le pays (16 870 tonnes), selon des estimations révélées par le quotidien britannique Financial Times. C’est peu en regard de la production mondiale (260 000 tonnes), mais c’est une importante source de revenu : la tonne de minerai s’échange à 18 000 dollars sur le marché des matières premières de Londres.
Produit artisanalement, souvent par des enfants, confisqué par les rebelles et revendu par des moyens détournés, le minerai de Bisie parvient jusque dans des fonderies. Là, l’étain est raffiné, fondu et mélangé avec d’autres de diverses origines, avant d’être transporté jusqu’aux usines de Sony, Panasonic, Kenwood et leurs confrères : l’étain est utilisé dans toutes les soudures de composants électroniques. Ce trafic a été dénoncé par les Nations unies en février comme étant « une cause directe de l’instabilité du Nord-Kivu ». Les industriels, qui disposent d’un groupe de travail spécifique (Extractive Work Group) au sein de leur groupement professionnel, ont décidé d’identifier l’étain de Bisie et de l’éliminer progressivement de leurs appareils. Pour certains, il représenterait jusqu’à 12 % de leurs approvisionnements.
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