Gaza désespoir

Publié le 10 mars 2008 Lecture : 2 minutes.

Peut-on encore écrire sur le désastre israélo-palestinien ? Que dire de plus que ce que l’on a dit, répété, jusqu’à ce que la voix et l’âme s’usent. Que la force ne résoudra rien. Que tous les éléments d’un accord de paix sont connus, sur la table, qu’il manque surtout des hommes de volonté, de grandeur, de dimension pour sortir, enfin, de cette violence inutile, stérile.
Je regarde les images d’enfants morts à Gaza. Et celles de l’enterrement des étudiants talmudiques de Jérusalem. Je sais, la guerre, c’est la guerre. Je sais, le tueur de la yeshiva est un terroriste. Je sais, les roquettes du Hamas tuent des innocents à Ashkelon. Je sais que le Hamas est l’ennemi de l’État hébreu. Je pense à toutes les victimes. Mais où est la conscience du monde quand meurent plus de 130 personnes, la plupart des civils, en moins d’une semaine, à Gaza ? Quel peuple vit sous occupation depuis près de cinquante ans ? Qui subit les punitions collectives ? Qui subit les blocus, les bombardements de zones civiles, les routes barrées, les villages coupés en deux, les murs ? Quels sont ceux que l’on exproprie, à qui l’on prend les terres et les maisons ?
Qui dira haut et fort que Gaza, c’est l’enfer sur terre ? Un « bidonville-prison » à ciel ouvert de près de 1,5 million de personnes, privées de tout, un peuple pris en otage. Qui dira haut et fort que le blocus de Gaza est immoral, et que, politiquement, il n’a débouché sur rien. Que le Hamas est toujours là, encerclé et d’autant plus fort.
Commentaire d’un ami qui connaît très bien Israël, introduit dans les milieux du pouvoir : « Ici, le camp de la paix a été atomisé, me dit-il. La majorité de la population est usée, mais arc-boutée sur ses frontières, incapable de faire un saut mental vers un grand compromis, prête à écouter n’importe quel général qui promettrait une bonne guerre définitive. Le désastre libanais est déjà refoulé. L’homme le plus dangereux, continue-t-il, c’est Ehoud Barak, le ministre de la Défense (travailliste). Oui, l’ancien Premier ministre de l’État hébreu, qui négocia, sous l’égide de Bill Clinton, et avec Yasser Arafat, les fameux quasi-accords de Taba (janvier 2001). Barak est un revanchard, qui n’a jamais accepté sa défaite électorale de mars 2001. Il se veut donc maintenant plus dur que les durs, prêt à en découdre à Gaza ou ailleurs, persuadé que c’est le chemin le plus court vers le pouvoir. Il prétend connaître les Arabes et dit à tout bout de champ que la seule bonne méthode, c’est la force »
Quelle défaite idéologique pour les travaillistes et la gauche israélienne… Les héritiers d’Itzhak Rabin, aujourd’hui représentés par un général aigri et revanchard (Barak) et par Shimon Pérès, chef d’État octogénaire inutile, immobile, Prix Nobel de la paix silencieux quand les bombes écrasent Gaza sous une punition collective.
Comme d’habitude, la vraie conscience de paix, de raison, de « gauche » est venue des journalistes israéliens eux-mêmes, en particulier ceux du quotidien Haaretz. Ils ont dénoncé les méthodes de l’armée, les massacres de civils à Gaza, et ils ont rappelé à une opinion pourtant très hostile qu’en quelques jours, en ce mois de mars 2008, l’armée israélienne a tué beaucoup plus de civils que les roquettes du Hamas en plusieurs mois.

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