« Louxor », un film introspectif et mystique dans l’Égypte éternelle
La réalisatrice britannique Zeina Durra raconte l’histoire d’une femme en quête de sens, qui revient dans cette ville et y retrouve un ancien amour. Mais ce conte antique sonne un peu faux.
Le Nil, démesuré, s’affiche en vision panoramique. Nous sommes bien en Égypte, et la frêle silhouette d’une jeune femme se superpose à la cité, comme figée dans son glorieux passé : vestiges antiques, ceux du tombeau KV10 de la vallée des Rois ; hôtel au charme suranné, le Winter Palace, où fut annoncée la découverte du tombeau de Toutankhamon et où Agatha Christie écrivit Mort sur le Nil…
L’héroïne, Hana (interprétée par la Britannique Andrea Riseborough), est encore jeune. C’est une médecin anglaise travaillant dans l’humanitaire, qui a vécu des traumatismes sur des terrains de conflits, à la frontière du Liban et de la Syrie, et qui a eu besoin de faire un break. Pourquoi à Louxor et non dans son pays d’origine ? On ne le saura jamais vraiment. Mais la présence dans la ville d’un ancien amant, Sultan (le Franco-Libanais Karim Saleh), y est sans doute pour quelque chose. Le quadra est archéologue, et, à travers lui, Hana peut aussi se connecter au passé glorieux de la Cité, aux messages que véhiculent ses symboles.
La greffe ne prend jamais vraiment
Sur les sites de fouilles, Hana semble en effet d’abord creuser en elle-même. C’est une femme qui cherche sa place dans un monde d’hommes, désirants. Une femme qui se pose des questions sur la maternité. Une femme en quête de sens, d’insouciance, qui espère peut-être renaître comme Râ, chaque matin, sur sa barque solaire. Certains personnages secondaires comme l’archéologue Salima (interprétée par Salima Ikram, une véritable égyptologue égyptienne, professeure à l’université du Caire) vont tenter de l’aider dans sa reconquête d’elle-même.
Hana est seule, blanche, c’est une étrangère ancrée dans le présent, et pourtant, la réalisatrice Zeina Durra veut nous montrer sa connexion de plus en plus profonde à l’Égypte éternelle et à son mystère. Hana fuit les Occidentaux riches et bruyants de son palace, s’amuse des cars de touristes chinois, et cherche dès qu’elle peut à converser avec les locaux : chauffeurs de taxi, conducteurs de bateaux, archéologues…
Paradoxalement, la greffe que la réalisatrice souhaite mettre en scène ne prend jamais vraiment. La taiseuse et nacrée Hana semble toujours comme posée dans les décors grandioses de la ville. Elle garde une certaine distance avec les autochtones, même lorsqu’elle a l’occasion de parler avec eux. L’Égypte actuelle, ses crises à répétition, son oppression sécuritaire, ses désordres économiques, n’apparaissent jamais à l’écran. On ne croit pas non plus vraiment à l’histoire qui la relie à Sultan : il est question d’une rivale qui disparaît trop rapidement. Les querelles des anciens amants sonnent un peu faux… Surtout, cette romance qui semble devoir rythmer le récit manque singulièrement de densité. Comme pour une rapide visite guidée d’un beau monument, le film, bien que sincère et parfois touchant, reste ainsi malheureusement en surface.
Louxor, de Zeina Durra, 1h27, sortie en France le 21 juillet.
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